Critique du film suédois Le Lendemain de Magnus Von Horn

Comment vivre après avoir commis un crime alors qu’on à peine 16 ans ? C’est la question que se pose Le Lendemain, film polono-suédois réalisé par Magnus Von Horn. Présenté à la Quinzaine des Réalisateurs en 2015, ce premier long métrage allie avec intelligence esthétisme et puissance émotionnelle.

Si le cinéma danois est devenu monnaie courante dans nos salles avec par exemple Men & Chicken ou A War actuellement visible partout en France, le cinéma suédois se fait plus discret. En 2015, on avait pourtant été subjugué par Snow Therapy de Ruben Östlund, jeune cinéaste suédois qui avait avec brio mis en scène les vacances tumultueuses d’une famille suédoise dans les Alpes. Cette année, c’est une nouvelle pépite nous vient du pays de Zlatan et d’Ingmar Bergman. Le Lendemain est le premier film de Magnus Von Horn, réalisateur suédois, mais qui a fait ses classes en Pologne. Pour son premier long métrage, Von Horn, s’est d’ailleurs associé avec le producteur Mariuz Wlodarski et le chef opérateur Lukasz Zal. Ce dernier s’est fait notamment remarquer pour son travail sur Ida, film de Pawel Pawlikowski récompensé aux Oscars (meilleur film étranger) en 2015. Le Lendemain raconte l’histoire de John, adolescent qui rentre chez son père après avoir purgé sa peine de prison et aspire à un nouveau départ. Mais la communauté locale n’a ni oublié ni pardonné son crime. Dans l’impossibilité d’effacer le passé, il décide d’y faire face.

Le Lendemain - critique

La Force du hors-champ

Une nouvelle fois, Lukasz Zal fait preuve d’un sens de l’image remarquable. Le Lendemain marque en effet de prime abord par son esthétisme. Ambiance froide d’un village du sud de la Suède rongé par le silence, plans fixes sur une famille qui doit faire face… Von Horn et son chef opérateur arrivent à représenter la tension permanente pour au final produire un film sensible et touchant. L’émotion se transpose dans ce qui ne se voit pas, dans les non-dits, les plans hors-champ ont ici une place prépondérante et sont d’une justesse impeccable. La scène du déjeuner au retour du supermarché est un grand moment de cinéma et restera l’un des moments marquants de ce film.

La mise en scène ne prend absolument pas parti pour un camp ou pour un autre, Von Horn reste le simple spectateur d’un monde renfermé sur lui-même et sur ses démons. Avec Le Lendemain, le cinéaste porte un regard froid et clinique sur la société suédoise. Dans une certaine mesure, le film nous fait penser à La Chasse, l’injustice en moins. Mais contrairement au film de Thomas Vinterberg, il n’y a ni de bons ni de méchants. On est à la fois touché par dans le destin tragique de cet adolescent (magnifiquement interprété par Ulrik Munther), mais aussi par son père, par la famille de la victime et par tous ces personnages touchés de prêt ou de loin.

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Glaçant et puissant, Le Lendemain est un premier film très réussi. Avec ce long métrage Magnus Von Horn maîtrise son sujet avec grâce, esthétisme et intelligence. À la croisée des chemins entre La Chasse et We Need To Talk About Kevin, Le Lendemain ne laissera pas indifférent. Notre gros coup de cœur de la semaine

Le Lendemain (Efterskalv) (Pologne – Suède – France, 1h41)

Un film de Magnus Von Horn

Avec Ulrik Munther, Mats Blomgren et Alexander Nordgren

By P.A.P

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