2016, année olympique sur les terrains comme dans les salles de cinéma. Après le sequel de Rocky (Creed), les feel goods movies sur le ski Good Luck Algeria et Eddie The Eagle ainsi que le biopic sur Jesse Owens (La Couleur de la Victoire), voilà qu’un autre de film sur le sport débarque en salles : Mercenaire. Pour son premier long-métrage, Sacha Wolff s’intéresse au monde du rugby et plus particulièrement au sort des wallisiens recrutés par les clubs français pour leur puissance physique. Une tragédie poignante qui ne nous a pas laissé indifférent.
Présenté à la Quinzaine des Réalisateurs, Mercenaire fait partie de ces films qui font que cette compétition parallèle cannoise est chaque année de grande qualité. Soane jeune wallisien brave l’autorité de son père pour rejoindre la métropole pour être rugbyman professionnel. Livré à lui même, il va découvrir un monde sans scrupule qui va le conduire à devenir un homme.
À travers le sport, c’est une quête d’apprentissage que nous offre Sacha Wolff. Pour jouer le rôle de Soane, le réalisateur est allé chercher un vrai joueur de rugby en la personne de Toki Pilioko, jeune pilier espoir de 21 ans évoluant à Aurillac. Une véritable masse de 120 kg comme il en existe des dizaines à Wallis. Des profils de plus en plus recherchés par les clubs français du Top 14 et de Pro D2. Français, ces joueurs d’outre-mer sont des solutions alternatives et bon marché pour de nombreuses équipes.
Soane découvre donc un monde impitoyable, il a fui les coups de son père pour les coups des adversaires et de ses partenaires. 120 kilos traumatisés par la violence des êtres humains.
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Mercenaire est aussi un reflet de l’Histoire de France et son passé colonialiste. Ces maoris venus d’outre-mer quittant leur foyer pour servir les intérêts de la métropole. Au moment du départ de Soane, le réalisateur filme d’ailleurs une fresque d’époque racontant cette partie noire de notre Histoire. Mercenaire a par ailleurs le mérite de nous faire découvrir la culture des îles du Pacifique avec une immersion dans les squats de Nouméa.
Très complet, Sacha Wolff n’oublie pas le monde très particulier de l’ovalie. Il ne s’intéresse pas aux strass et paillettes du Top 14, mais au rugby de clocher au professionnalisme précaire. Un milieu où les joueurs sont payés à coups de lance-pierre et où le jeu n’est pas des plus fair-play. Très documenté, le réalisateur avait auparavant passé plusieurs semaines à suivre l’équipe d Lyon avant le tournage.
Sacha Wolff réussit à merveille son premier long-métrage. Il ne filme pas qu’un sport, mais un homme dans le monde du sport. Les scènes de matchs se concentrent d’ailleurs sur le héros avec une caméra fixée en permanence sur lui. L’équipe et le résultat ne sont qu’anecdotiques.
Sacha Wolff réalise donc avec Mercenaire un grand tour de force poignant. Le rugby a enfin le film qu’il mérite et il faudra surveiller ce nouveau metteur en scène.
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