En 1958, Willie O’Ree devient le premier hockeyeur noir à fouler les patinoires de la NHL. Avec les Boston Bruins, il disputera 45 matchs au sein de la sacro-sainte Ligue Nationale. Un véritable pionnier, pour autant la situation des noirs dans le hockey n’a pas grandement évolué depuis.
Née à Fredericton dans le Nouveau-Brunswick en 1935, William O’Ree est comme tous les canadiens un véritable fan de hockey. Avant d’intégrer la NHL en 1958, cet ailier évoluera en junior dans les clubs de Kitchener et les As de Québec puis en sénior avec Springfield Indians dans la Ligue Américaine. C’est en 1958 qu’O’Ree enfile pour la première fois le maillot des Boston Bruins. Il devient ainsi le premier joueur noir de l’Histoire à jouer dans la NHL et il sera très vite surnommé le « Jackie Robinson du hockey » (premier noir à évoluer dans la MLB en baseball en 1947).
Cependant, le séjour dans la meilleure ligue au monde va tourner court. Willie O’Ree disputera seulement deux matchs cette année-là avant d’être renvoyé l’année suivante en ligue mineure. Il évoluera deux saisons en EPHL avec Kingston et Ottawa avant de revenir en 1960 chez les Bruins pour cette fois-ci jouer 43 parties. Au cours de cette saison, il inscrira 14 points, dont 4 buts.
Sport pratiqué par les blancs, l’arrivée d’un joueur de couleur dans la NHL ne s’est pas faite sans heurt. Au cours de son passage dans la Ligue Nationale, O’Ree a subi de la part du public de nombreuses insultes racistes. « Les remarques racistes étaient pires dans les villes des États-Unis qu’à Toronto ou à Montréal. Les supporters me criaient “retourne dans le Sud” ou “comment ça se fait que tu ne ramasses pas du coton ?”, racontait l’intéressé qui visiblement n’en avait que faire de ces propos : “Cela ne me touchait pas. Tout ce que je voulais, c’est être un joueur de hockey. S’ils refusaient de l’accepter, c’était leur problème, pas le mien”.
Malheureusement, le parcours de Willie O’Ree dans la NHL fut bref. Cela peut s’expliquer en raison du handicap de ce dernier. En 1956 lorsqu’il jouait pour Kitchener, il a reçu un palet dans l’œil droit qu’il a rendu presque borgne. S’il était un patineur très rapide, O’Ree a dû se résigner à évoluer dans ce championnat mythique du fait de son règlement qui n’autorisait pas ses membres à jouer avec un œil en moins. Dommage, car O’Ree avait du potentiel.
Un pionnier qui a dû attendre 15 ans pour voir arriver son successeur
Un véritable battant qui n’aura donc évolué que deux saisons. À cette époque, la NHL n’est pas la seule ligue du continent, Willie O’Ree fut échangé dans en WHL (West hockey League – qui est aujourd’hui une ligue Junior) aux Los Angeles Blades. Il jouera dans la Cité des Anges (les Kings n’existaient pas à l’époque) pendant 6 saisons avant de rejoindre les San Diego Gulls toujours en WHL où il finira sa carrière là-bas en 1979 avec plus de 639 points en 785 rencontres.
Si dans des sports comme le baseball, les joueurs noirs sont massivement arrivés dans la MLB, ce ne fut pas le cas dans le hockey. Il faudra en effet attendre 15 ans (1974) avant qu’un deuxième afro-américain intègre la NHL en la personne de Mike Marson avec les Washington Capitals. Par la suite durant les 80’S, le portier canadien des Edmonton Oilers Grant Fuhr fera des merveilles aux côtés de Wayne Gretzky. Il remporta notamment le trophée Vezina récompensant le meilleur gardien en 1988 ainsi que 5 Coupes Stanley. Il devient le premier noir à gagner le championnat NHL.
SUR LE MÊME SUJET :
https://www.youtube.com/watch?v=VdFDIbUI5WE
Depuis les années 60, le hockey ne s’est toujours pas développé au sein des communautés afro-américaines. Sport extrêmement cher du fait de l’équipement, mais aussi du prix de la licence, il reste pratiqué par une certaine tranche de la population nord-américaine blanche et riche. Ainsi, peu de joueurs noirs évoluent actuellement en NHL.
Pour autant, leur statut à bien changé depuis les arrivées de talents comme P.K Subban ou Wayne Simmonds. Avant eux, les quelques sportifs de couleurs étaient cantonnés à des postes de goons (bagarreurs) comme Donals Brashear ou Georges Laraque.
Le gardien Kevin Weekes a lui aussi connu son heure de gloire. Malheureusement, un soir de match alors qu’il rentrait au vestiaire, il reçut une pelure de banane de la part d’un spectateur. Un geste qu’on ne pensait voir seulement que dans les stades de foot et qui s’est reproduit par la lors d’une rencontre préparatoire à London (Ontario) en 2011. Alors qu’il tirait un pénalty, Wayne Simmonds des Philadelphia Flyers a lui aussi été victime de ce geste stupide ce jour-là.
Si le monde du hockey ne peut bien évidemment être qualifié de raciste, il a quand même connu de nombreux gestes odieux. Même entre les joueurs de la NHL, il y a eu des incidents. En 1997 Chris Simon a insulté de “nègre” Mike Grier des Edmonton Oilers et en 1999 Donald Brashear s’est fait traité de “gros singe” par Bryan Marchment.
Aujourd’hui, seuls 23 joueurs d’origine afro (en comptant les métisses comme le français Pierre-Edouard Bellemare) sur près 850 évoluent en NHL. Ce qui représente un pourcentage de 2,7 %. P.K Subban (Nashville), Wayne Simmonds (Philadelphia) et Kyle Okposo (Buffalo) font partie des plus connus et sont de véritables stars dans cette ligue. Mais le nombre est encore très faible et cela ne devrait pas évoluer de sitôt, même s’il a sensiblement augmenté avec les arrivées de joueurs comme Darnell Nurse (Edmonton) ou bien encore Anthony Duclair (Arizona). À travers leurs associations, P.K Subban et Wayne Simmonds tentent de développer le hockey au sein des communautés afro-américaines et ainsi pourquoi pas faire émerger de futurs talents.
Aujourd’hui collaborant pour la NHL et ayant reçu plusieurs hautes distinctions de la part du gouvernement canadien, Willie O’Ree espère de tout cœur que le hockey deviendra un jour un sport pratiqué massivement par tous.
COMMENTAIRES