Avant de devenir l’un des visages les plus populaires d’Amérique, Mike Tyson représentait tout l’inverse. Enfant de Brooklyn, élevé « dans la rue », il débute sa carrière professionnelle à 18 ans et devient, en 1987, le plus jeune champion du monde des poids lourds. Avec 26 victoires par KO en 28 combats, sa puissance impressionne autant qu’elle intimide. Mais derrière les succès, une vie instable. Mark Kriegel, auteur de Baddest Man : The Making of Mike Tyson, confie : « Ses détracteurs, comme moi, ses acolytes et Tyson lui-même, auraient pu s’accorder à dire, à la fin des années 80 et 90, qu’il n’était plus de ce monde. » Tyson sombre. En 1992, il est condamné pour viol. Trois ans plus tard, il revient, mais retombe dans ses excès. En 1999, il est à nouveau incarcéré, puis fait faillite en 2003 malgré 300 millions de dollars gagnés. « Ce type, qui était un méchant, est désormais universellement apprécié. Comment en sommes-nous arrivés là ? » s’interroge Kriegel. Lui-même, ancien critique du boxeur, avoue : « J’ai écrit plus de mauvaises choses sur Tyson que quiconque. Et j’ai commencé à réfléchir. Je suis un homme plus âgé. J’ai moi-même traversé des épreuves. »
Pour Kriegel, la force de Tyson ne réside plus uniquement dans ses poings, mais dans ce qu’il incarne aujourd’hui. Il évoque les épreuves traversées : la prison, la mort d’un enfant, l’alcool, la cocaïne. « Pas de père. Sa famille, c’était la rue. », rappelle un voisin de Tyson. Loin du mythe brutal, Iron Mike devient un homme en quête de paix. « Je pense qu’il y a une certaine vertu à avoir survécu. », admet Kriegel. À la question de savoir s’il avait imaginé vieillir, Tyson répondait en 2012 : « Non, jamais. » L’Américain ne s’est pas contenté de survivre. En effet, il est devenu un symbole de résilience. Désormais capable de parler de ses failles et de se montrer vulnérable, il attire aujourd’hui un nouveau public avec ses interventions touchantes. « Dès qu’il touche le micro, on se demande : “Attendez, qu’a-t-il dit ?” » observe Kriegel.
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Aujourd’hui, Mike Tyson est autant une figure médiatique qu’un monument de la boxe. Son parcours inspire, son discours surprend, et sa sincérité désarme. Loin des scandales d’antan, il incarne une forme de rédemption moderne. « Il y a cette idée, enfin, que ce type, qui était un méchant, est maintenant universellement aimé. », conclut Kriegel. Mais cette admiration tardive efface-t-elle totalement les démons du passé ? Ou reflète-t-elle simplement notre fascination pour les histoires de seconde chance ?
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