Invaincu en amateur et en professionnel, le jeune prodige Anglais Darren Till est déjà un des meilleurs tireurs d’élite du répertoire de combattants de l’UFC. Boxeur Thaï pro avant de passer au combat libre, il écrase la concurrence avec l’insouciance d’un panzer sur un cul-de-jatte. Il n’a même pas encore combattu sur le sol américain que la CIA hésiterait déjà à classer son arsenal pied-poing parmi les potentielles menaces à la sécurité du territoire. Portrait.

24 ans. À tout juste 24 ans, la vie de Darren Till ressemble déjà à un scénario de série primable aux Golden Globes. À la seule différence qu’à Hollywood, même un Tom Hardy ne réussirait pas à imiter son accent hardcore de Scouser, forgé dans les rues les plus street de Liverpool.

Prodige de la Boxe Thaï qu’il découvre à 12 ans, il passe pro seulement trois ans plus tard, en profitant en même temps pour quitter l’école. Passionné par « l’Art des 8 membres » (qui est bien sûr l’autre nom donné au muay-thaï, et pas une obscure production Dorcel) et propulsé par des facilités physiques évidentes, il devient rapidement champion national, puis suite logique d’une carrière de boxeur Thaï digne de ce nom il ira également combattre et s’entraîner jusqu’en Thaïlande.

https://www.youtube.com/watch?v=e5HlAbjoGH0

Voooilà, je pose ça là juste pour vous allumer un peu. Installez-vous bien.

Son accomplissement le plus street-crédible sur le plan Européen reste à ce jour un titre de Champion d’Europe de K-1 (un set de règles hybrides entre la thaï et le kickboxing), ce qui le promettait, eut-il choisi de rester dans les sports de pied-poing à une carrière à côtoyer les meilleurs.

À dix-sept ans il commence doucement à faire un peu de grappling en complément de son entraînement intensif de striker, manifestant déjà un intérêt pour les formes les plus libres du combat. Mais à dix-neuf ans, un événement tragique va complètement bouleverser sa vie et sa carrière… #ProfessionPutacliqueur #GesteGratuit #StocktonMotherfuckerWhat?

Darren TillLes Bleus dans les Yeux

En 2012 Darren a dix-neuf piges. Darren a dix-neuf piges, il boxe chez les pros et il aime faire la fête le week-end pour décompresser. Mais Darren a aussi le sang chaud, parce que Darren vient d’une banlieue de Liverpool et franchement il n’est jamais vraiment opposé à une bonne partie de chicore. Mais un bon soir alors qu’un de ses amis se retrouve pris dans une bagarre et que Darren se jette dans la mêlée pour le tirer d’affaire, un mec visiblement planqué pas loin derrière décide qu’aujourd’hui c’est la fois de trop. « Not today ». Le bonhomme en question, du côté des adversaires de Till et sa bande, sort alors un schlass et poignarde notre protégé dans le dos par deux fois avant de prendre la fuite, poussant la baltringuise à son paroxysme. Voilà ce qu’on appelle un changement d’ambiance. Till est dans un état critique (la lame étant passée à quelques centimètres de l’artère principale) et il passera les heures qui suivirent à simplement lutter pour ne pas quitter le monde des vivants.

GTA wasted - Darren TillRendez-vous à l’hôpital de Los Santos pour le respawn

Il s’en sortira. Mais d’un commun accord avec sa famille et ses entraîneurs, ce qui est sûr c’est qu’il allait devoir changer d’environnement. Liverpool était devenue une trop grande source de problèmes et de distraction. Son entraineur principal et mentor, Colin Heron propose alors à Darren de partir au Brésil pour six mois. Découvrir une autre culture, un autre style de vie, s’éloigner de ses problèmes et en profiter pour réellement lancer son apprentissage du MMA, le dépaysement allait être total.

Darren décide de suivre le conseil à la lettre, et si l’adaptation est effectivement compliquée les premiers mois, car il ne connaît ni la langue ni la culture, la suite est beaucoup plus détendue. Après quatre mois il trouve une petite amie du cru, dont il se tatouera la photo sur l’épaule (petite folie qu’il regrettera amèrement par la suite d’ailleurs… Spoiler Alert : ils ne sont plus ensembles) et avec laquelle il aura un marmot, il se lie d’amitié avec sa nouvelle équipe d’entraînement (Astra Fight Team) et commence à rapidement se passionner pour son sport d’adoption ; le combat libre. En fait, il se sentira finalement tellement à son aise au pays des cariocas qu’il en profitera pour déborder un tantinet de son plan initial, y restant finalement trois ans et demi.

Darren Till punchNature presque morte, huile sur toile de peau, 183×77

Un des nombreux avantages de l’Amérique du Sud, outre le fait qu’il soit labellisé « Club Med » si vous êtes un ancien dignitaire Nazi, c’est que l’on peut combattre aussi souvent qu’on le veut sans que ce soit réellement contre indiqué. Et quoi de mieux pour accumuler de l’expérience que de pouvoir combattre sur les scènes régionales quasiment tous les mois. En 2013, Till enchaînera ses huit premiers combats et en remporta sept par finition. C’est la sortie officielle de l’Aston Martin couleur « Violence made in Brazil », et la concurrence est tout sauf prête.

Après avoir accumulé sans forcer un palmarès de douze victoires en autant de combats, il est logiquement appelé par l’UFC pour faire montre de ses talents sur la plus grande des scènes, le Carnegie Hall du MMA : l’Octogone. Et le plus fou dans tout ce qu’on vient de raconter c’est qu’après toutes ces péripéties, il n’a toujours que 22 ans.

À l’UFC le niveau s’élève d’un coup sans pour autant bousculer Darren dans sa promenade de santé. Après avoir dominé son premier adversaire debout, il le cartonne au second round d’un ground&pound parmi les plus violents jamais vu dans la cage. Pour le jeune Anglais, en position dominante au sol, un seul maître mot : les coudes. Une FARANDOLE de coude. Et comme dirait Dan Hardy ; « these are not cutting elbows, these are concussing elbows » (« ces coups de coude ne sont pas là pour couper, ils sont là pour commotionner ») ; il expose une férocité et un ratio de dégât par coup absolument considérable quand tous les autres combattants dans la même situation ne cherchent pas beaucoup plus qu’à user l’adversaire. Le seul autre combattant ayant fait preuve d’une telle annihilation en ground&pound de coudes est un certain Mirko « Crocop » Filipovic, lors sa série d’enclumes débilitantes qui avaient envoyé Gabriel Gonzaga dans d’obscures et lointaines contrées. Oui, on en est là.

Darren Till punch RotterdamCe tatouage… ça rend la scène carrément malsaine… un arrière-goût de « poupée maléfique greffée sur le bras »

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Son second combat à l’UFC constitue la seule ombre au tableau

Alors qu’il domine le combat de la tête et des épaules de marin-pêcheur, il se blesse salement au second round (à l’épaule justement) et est contraint de totalement modifier sa stratégie. Son adversaire de la soirée, Nicolas Dalby jouera la carte à fond et emmènera l’Anglais dans ses retranchements. Le combat, magnifique au demeurant, se terminera en égalité. Mais la blessure contractée par Till est plus grave que ce qu’il n’imaginait ; il sera tenu éloigné de la cage pendant un an et demi.

Une des raisons pour laquelle vous n’avez pas encore entendu parler de Darren Till est probablement à mettre sur le compte de cette longue période d’inactivité. Dans le MMA moderne tout est question de « hype ». Et une « hype » , ça se crée et ça s’entretient. Plus d’une année éloignée de la compétition, si vous n’êtes pas déjà un nom dans le MMA, c’est comme repartir à zéro lors de son retour.

Darren Till punch RotterdamDarren et Till, quelques secondes après un « je te tiens, tu me tiens » avec Dalby

Cette période sera d’ailleurs particulièrement rude, Till devant s’occuper de sa petite fille et subvenir à ses besoins sans pouvoir exercer son métier. Mais convaincu de sa destinée dans ce sport qu’il a fait sien, il persévère. Il décide pendant cette transition forcée de retourner aux origines et de revenir s’entraîner avec son mentor, celui avec qui il a de son propre aveu une relation quasi « père-fils », celui qui l’avait aiguillé vers le Brésil lors des périodes de trouble : Colin Heron. À son retour dans la cage deux ans plus tard et sous la tutelle de Heron et de sa team Kaobon, c’est comme si rien n’avait changé. Serein dans la cage, il retrouve sa légendaire maîtrise et aligne deux victoires contre de solides compétiteurs.

Et mesdames et Messieurs c’est là que nous arrivons au terme de notre visite guidée. Nous venons de rattraper le présent, et il a ramené son bélier pour frapper à la porte.

Caractéristiques de l’arme

Darren Till UFC weigh inDragunov, balles de 7.62, calibre sombre

La première chose qui frappe quand on regarde Darren Till se mouvoir dans une situation de combat à mains nues, c’est cette impression de facilité, de contrôle et de fluidité qu’il dégage dans chacun des échanges auquel il prend part. Un étrange sentiment de danger imminent, de pression constante.

Ne connaissant que la marche avant, il est southpaw et gaucher (et non ça n’est pas un pléonasme, voir « Vasyl Lomachenko ») aux réflexes félins, particulièrement létaux de son cross gauche. Une boîte à outils qui, pour les plus observateurs d’entre vous, rappelle plus que fortement un certain Conor McGregor.

Son style pourtant est beaucoup moins aérien que l’Irlandais. Il a gardé sa posture de boxeur thaï, imprimée dans chacun de ses muscles depuis son plus jeune âge, sans pour autant être mise en danger par les lutteurs. Car une autre spécificité du buffle Anglais est qu’il est particulièrement gros pour un Welterweight (-77 kg) : son poids régulier hors compétition est de 95 kilos. L’enfoiré cutte donc près de 20 kilos pour descendre allumer du poids welter. Si les risque sont évident : souffrir de la déshydratation le jour du combat ou ne pas réussir à faire le poids (ce qui lui est arrivé avant son combat contre Jessin Ayari), les avantages sont eux aussi particulièrement tape-à-l’œil : il possède une puissance de frappe d’un porte-avion pour la catégorie et dans les phases de clinch il peut faire concurrence aux plus solides lutteurs. Il s’entraîne d’ailleurs régulièrement avec des lutteurs de calibre international.

Darren Till Rotterdam« accio : arrête nasale ! »

Pas forcément friand de combinaisons, il est principalement un contre-attaquant travaillant au coup par coup, essayant de placer le coup parfait à chaque contre ou assaut. Il expose une incroyable maîtrise des distances et une fascinante intelligence dans les déplacements héritée de son background de thaï-boxeur, complétée par un sens inné du rythme et du timing (check-knees, contres en direct du gauche). Il se décale de la ligne d’attaque, garde haute, réussissant même parfois à placer des contres courts.

Un autre détail très « fan-friendly » rappelant le sniper Dublinois précédemment mentionné est également qu’il s’entraîne toute l’année au même rythme, restant ainsi préparé pour saisir n’importe quelle opportunité à n’importe quel moment. C’est d’ailleurs cette façon qu’il a eu son premier combat à l’UFC, répondant à l’appel de remplacement d’urgence de l’organisation américaine seulement neuf jours avant l’event.

Son état d’esprit ? Faites-le parler de ses entraînements, vous comprendrez tout de suite pourquoi à 24 ans le man est déjà autant impressionnant : « L’entraînement c’est impitoyable, et j’en profite chaque jour. C’est comme vivre en enfer, je m’y sens à la maison ». #Oui

Avis à l’équipe créative de Netflix, si vous manquez d’inspiration pour un prequel du Punisher : avec une histoire d’enfance en mode « formation d’assassin à la Hitman », de drame qui déclenche une quête initiatique à l’autre bout du monde et d’un retour en forme de Fête de la Sulfateuse… Vous savez où chercher.

Prochain combat : le 21 octobre, contre un certain Donald « Cowboy » Cerrone…

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Tags UFC

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