Alors qu’on pouvait le retrouver au Narvalo Show 2018, qui se tenait ce week-end à la Bellevilloise, Flynt, rappeur originaire du 18e arrondissement de Paris, a accepté de répondre à nos questions.

Pour ceux qui n’ont pas eu de nouvelles de toi depuis longtemps, quel a été le quotidien, l’actualité de Flynt lors de ces dernières années ?
En ce qui concerne le rap, depuis la fin de la tournée de mon deuxième album « Itinéraire Bis », travailler mon flow, apprivoiser les nouveaux BPM, collecter des beats, écrire les titres de mon prochain album et pour le reste, m’occuper de mon foyer et de tout ce qui va avec, évoluer dans ma vie professionnelle aussi, voyager.

Ton album « J’éclaire ma ville » est sorti il y a plus de 10 ans. Est-ce que l’on t’en parle encore comme si c’était sorti la veille ?
Oui on m’en parle souvent. On me parle souvent d’ »Itinéraire Bis » aussi mais le public a un faible pour « J’éclaire ma ville ». C’était le premier album, le public me découvrait… Il y a eu cet effet de surprise.

Y-a-t-il des artistes où des albums qui ont selon toi aussi bien représenté Paris depuis ?
Là comme ça, je pense à « No Name 2.0 » de Joe Lucazz par exemple, sorti début janvier. J’ai un titre avec Joe d’ailleurs dedans, produit par Hits Alive. Paris est la source d’inspiration majeure de ce disque. Il va sortir « Paris Dernière » avec Char du Gouffre le 1er juin. Paris sera à l’honneur là aussi.

Tu es donc revenu en 2012 avec « Itinéraire bis », un projet avec la même ligne de conduite que le précédent mais peut-être plus personnel. Quel est ton bilan par rapport à cet album ?
Le bilan est positif. On a fait près de 70 dates de concerts, le public était au rendez-vous. J’ai pris beaucoup de plaisir avec ce disque. J’ai fait des erreurs sur certains points mais globalement j’ai plutôt bien mené ma barque. J’ai appris beaucoup de choses qui vont me servir pour mon prochain album.

Sur le titre « Homeboy », tu déclarais t’être éloigné de ton quartier d’attache pour élever ton garçon, et pourquoi pas agrandir ta famille. Es-tu satisfait et épanoui sur ce plan ?
Aujourd’hui j’ai deux garçons, si c’était plus simple à gérer, j’aimerais avoir cinq ou six enfants, voire plus. Quitter le 18ème a été un moment spécial mais je n’ai pas eu le choix. Pour élever mon premier fils dans de meilleures conditions et rejoindre ma femme, j’ai déménagé en Seine-Saint-Denis où je vis depuis dix ans. Je ne regrette pas, je vis bien, j’ai un beau foyer, de beaux enfants, une belle femme. Ma vie est très bien structurée à ce niveau. Je n’avais qu’un seul véritable rêve dans la vie quand j’étais plus jeune, c’était avoir des enfants et les élever.

Pour conclure sur cet album, que penses-tu celui de ton pote Orelsan, qui a cartonné en 2017 ?
J’ai adoré « La fête est finie ». On passe du rire aux larmes, les angles sont très bien choisis, il a fait évoluer son style. C’est toujours aussi bien écrit. Je ne me suis pas ennuyé une seconde. Je pense que c’est du très bon travail, qu’il mérite son succès et ses victoires et qu’il va faire une tournée triomphale.

Est-ce que tu écoutes et aime le rap actuel ?
Évidemment. Je n’écoute que du rap français aujourd’hui. J’écoute un peu tout ce qui sort. Je ne suis pas dans la nostalgie du rap, je m’en fous. Le rap évolue et c’est tant mieux. Par contre, je n’écoute quasiment plus de rap US. Ils m’ont saoulé. Déjà avec leur président et puis avec leurs manières, leur discours, leur façon de se la raconter. Le rap US ne me fait plus rêver. Je trouve le rap français plus intéressant parce que je ressens un fort besoin de comprendre les paroles désormais. Donc oui j’en écoute bien sûr. Y a beaucoup de trucs que je trouve nuls et pas mal de trucs que j’aime bien.

Tu as quelques noms à donner ?
Parmi les sorties plus ou moins récentes, je retiens Alpha Wann, Infinit, Lomepal, Sopico, JJ & Caba, Isha, Joe Lucazz, Lorenzo, Ichon et quelques autres.

J’imagine que tu as été flatté par le clin d’œil de Dinos sur « Les pleurs du mal » ?
Dinos est venu me voir quelques mois avant la sortie de son album pour m’en parler, j’ai trouvé sa démarche sincère. Bonne route à lui ! C’est un clin d’œil à Morad de la Scred aussi. C’est bien que ces lyrics traversent le temps.

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Tu citais entre autres Sidi-O, Nasme ou La Scred comme étant tes sources, celles qui rappent vrai. Quelles pourraient être tes sources aujourd’hui ?
Quand je parlais de mes sources, je parlais de mes sources au sens journalistique du terme. Je disais que tu pouvais « vérifier mes sources » en écoutant les MC’s qui rappent vrai et en regardant autour de toi. Ça n’a pas changé aujourd’hui.

As-tu des projets ou des artistes qui t’ont influencé lors de tes débuts ?
Quand j’étais plus jeune, j’écoutais essentiellement du rap US. En rap français, j’aimais la FF, NTM, AKH, Ol’ Kainry entre autres.

Tu es l’un des représentants majeurs du rap indé. Aujourd’hui, il est plus rare de voir des rappeurs en indépendant. Est-forcément une bonne chose pour la musique, la liberté de l’artiste ?
Je ne sais pas si c’est plus rare. Mais ce qui est sûr c’est que c’est plus dur et heureusement il y a de très belles réussites dans le rap français indépendant. Indépendance ne signifie pas qualité et pas non plus amateurisme. L’indépendance j’en paye le prix aujourd’hui. Plus le temps passe et moins j’ai de temps pour le rap, et en indé, il faut du temps. Tu es libre sans être libre puisque tu as plus de contraintes. Si c’était à refaire, je crois qu’après « J’éclaire ma ville », j’aurais peut-être fait autrement. Je suis fier de mon parcours mais j’ai toujours le sentiment d’avoir toujours à repartir de zéro après chaque album.

Que t’a inspiré le retour de certains « anciens » comme IAM, Les Sages Po, Sinik ou Hugo TSR en fin d’année dernière ?
Ils ne sont pas tous à loger à la même enseigne, leurs parcours et leurs retours sont différents. Pour moi Hugo ce n’est pas ce que j’appelle un retour. Il n’a jamais dit qu’il arrêtait le rap. Et puis il n’est pas ce que j’appelle un « ancien », même s’il est là depuis longtemps. Sinik, oui on peut dire que c’est un retour. Je pense que tant que tu as le niveau, tu peux continuer. Quand tu n’as plus le niveau ou que tu es à côté de la plaque, il faut arrêter même si cela doit être dur de décider d’arrêter de pratiquer sa passion ou de se rendre compte que c’est fini, que le train est passé. Ce que ça m’inspire, c’est que le rap n’appartient pas aux jeunes, comme il n’appartient pas aux anciens.

Penses-tu qu’il appartient totalement aux rappeurs, ou y a-t-il encore des progrès à faire ?
Le rap n’appartient à personne. S’il appartenait aux rappeurs, on n’entendrait pas toutes les merdes qui sortent. Mais quand tu vois le manque de professionnalisme et de sérieux de bon nombre de mes confrères, heureusement qu’il ne leur appartient pas.

Tu dénonçais certains clichés associés à cette musique dans « Les clichés ont la peau dure ». Selon toi, sont-ils toujours autant ancrés aujourd’hui ?
Ça a beaucoup évolué car le rap est une musique de plus en plus représentée dans les médias et dans la société en général. Ceux qui tiennent les ficelles des médias notamment se rendent bien compte que c’est le courant musical le plus écouté, c’est incontournable aujourd’hui. Il y a tellement de profils de rappeurs différents aujourd’hui qu’il est plus difficile d’associer le rap uniquement à la violence, à la vulgarité, à la misogynie, à la banlieue, comme cela a été longtemps le cas. Aujourd’hui, avoir les cheveux longs, avoir grandi à la campagne, mettre des jeans serrés, avoir les cheveux teints en rouge, etc., ça n’est pas un obstacle pour faire du rap et je trouve que c’est tant mieux. Il y a beaucoup de gens qui font du rap et qui sont totalement décomplexés. C’est une bonne chose selon moi.

Tu parlais souvent basket dans tes textes, que tu pratiquais sur les playgrounds. Est-ce que tu suis la NBA, la Pro-A ou l’Euroligue ?
Je suis uniquement le football maintenant. La NBA, ça m’a gonflé. Je fais de l’anti-américanisme sans vraiment le vouloir je crois.

Es-tu supporter du PSG de Neymar, Mbappe, Cavani et compagnie ?
Paris est magique !

Tu l’as évoqué précédemment mais tu confirmes qu’après avoir sorti ton premier album en 2007 et ton deuxième en 2012, on devrait te retrouver pour un troisième album en 2018 ?
Oui je travaille dessus, j’aurais fini bientôt mais j’ai encore du boulot. J’annoncerai tout en temps voulu.

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