Pour être tout à fait franc, l’exercice du pronostic sportif, à plus forte raison lorsqu’il s’agit d’un sport aussi erratique que le mixed martial art, est une activité à laquelle je répugne. En effet, mon maigre bagage de connaissance technique, et mon incomplète information des préparatifs de chaque combattant rend la moindre prévision aussi sûre que la parole d’un alcoolique. Et pour chaque coup juste, au moins cinq déterminations s’avèrent inexactes (pour le plus grand bonheur des lecteurs qui peuvent à loisir se payer la tête de l’autoproclamé expert s’étant planté dans les grandes largeurs). Vous l’aurez compris, ayant encore un peu de fierté, je rechigne à avancer des prédictions qui s’avéreront fausses et terniront davantage ma crédibilité.
Néanmoins, deux raisons me poussent à partager mes pronostics relatifs à l’UFC 202. La première est que ledit UFC 202 fait partie, de par son ampleur, de ces événements incontournables à propos desquels chacun se doit d’avoir un avis. La deuxième est que j’éprouve un réel plaisir à analyser les styles de nombreux combattants participant à cette carte (et le ciel sait que cela arrive rarement en ce moment).
Par ailleurs, la rédaction de ce pronostic me permet d’aborder le style de plusieurs combattants auxquels je n’aurais peut-être pas pu rendre justice par un article plus détaillé.
Ceci étant dit, faites sonner les trompettes et péter les confettis, voici les prédictions de la sueur pour les principaux combats de l’UFC 202
Attraction principale de la soirée, le main event a déjà fait couler beaucoup d’encre avant même que ses protagonistes principaux n’aient foulé de leur pied le sol sacré de l’octogone. Je renvoie d’ailleurs ici aux articles déjà écrits par d’éminents membres de la rédaction concernant le background de ce match retour aux allures d’anthologie.
Je ne me fais d’ailleurs à ce propos aucune illusion, et je sais par avance que ce combat constituera le véritable intérêt de la grande majorité des spectateurs assistant à l’UFC 202. Je vous confierai donc mon analyse sur ce combat en priorité afin de satisfaire les plus impatients d’entre vous (les patients, curieux, et autres marginaux pourront quant à eux me lire jusqu’au bout)
L’analyse technique.
Par chance, j’ai déjà effectué une analyse approfondie du style de nos bad boys préférés. J’invite d’ailleurs les plus curieux à se reporter à mon article pour plus de précisions. Je ferais toutefois un condensé d’analyse prenant en compte le résultat du premier combat afin d’étayer ma prédiction.
Conor McGregor, pour commencer, fait partie de ces excentricités du monde des sports de combat, en ce qu’il commet de nombreuses erreurs et écorche régulièrement les règles fondamentales de la science pugilistique, mais parvient en conséquence à se doter d’un style à la fois imprévisible et létal. Se fondant sur une garde large de gaucher, des déplacements rapides en in and out similaires à ceux de certains style de karaté, et utilisant à merveille une boxe alliant punch naturel et contre précis ainsi qu’un arsenal varié de coups de pied, Conor McGregor a développé un style unique en MMA.
Les plus : Comme détaillé dans mon précédent article, le véritable atout de l’irlandais est sa boxe anglaise. Appartenant à la catégorie flamboyante et appréciée des boxeurs puncheurs, le notorious possède un pouvoir de ko non négligeable (la fameuse celtic cross, ou direct du bras arrière ayant envoyé dans les limbes bons nombre de combattants) ainsi que des contres mortels. Boxant plutôt en techniques directes, Conor est néanmoins capable de s’adapter à son adversaire et ainsi de lancer des percussions circulaires (crochet, uppercut) assez violentes (en témoignent ses victoires par ko sur Dustin Poirier – par crochet, et sur Marcus Brimage – par uppercut). Le bras avant de l’irlandais reste étrangement sous employé (le jab n’est pas une des meilleurs armes de Conor), mais sert davantage à abaisser la garde de l’adversaire, à le gêner dans ses mouvements ou à mesurer la distance le séparant de ce dernier. Enfin, les contres de Conor sont aussi très efficaces quoiqu’assez répétitifs (toujours et sempiternellement le même contre du bras arrière en reculant, toutefois on ne saurait lui en vouloir, ce contre lui ayant permis de décrocher le scalp d’un certain José Aldo)
À l’appui de cette boxe, deux outils fondamentaux : les techniques de jambes et les déplacements du Notorious.
– Concernant les techniques de jambes, Conor a su s’armer d’un véritable arsenal de coups de pieds qui, s’ils ne sont pas dangereux en eux-mêmes, servent à cadrer ou à fixer l’adversaire afin de déclencher avec précisions ses directs du bras arrière (le combat contre Chad Mendès constituant la parfaite démonstration de cette tactique). Ainsi les high kick de sa jambe arrière lui permettent d’empêcher ses adversaires de fuir sur sa gauche, tandis que ses spining heel kick (coups de pied retournés visant à percuter la tête de l’adversaire avec le talon) dissuadent de toute fuite sur la droite. À ces techniques de cadrage, l’irlandais a ajouté de nombreuses techniques de percussion en ligne basse visant à saper les appuis de son opposant ou à lui couper le souffle (là encore le combat contre Chad Mendes est des plus parlant)
– Concernant les déplacements, Conor boxe principalement en ligne à la manière d’un escrimeur. Il fausse ainsi les distances avec son adversaire en entrant et en sortant continuellement de la portée de ce dernier grâce à un mouvement permanent très semblable à celui employé dans les compétitions de karaté à la touche (légers bonds en avant et en arrière). Il utilise aussi très souvent ses techniques de jambes pour se rapprocher très rapidement de son vis-à-vis (voir pour cela son combat avec Max Holloway ou ses jumping roundhouse kick lui permettaient d’enfermer son adversaire contre la cage).
Pour toutes ces raisons, le stricking de l’irlandais constitue une arme efficace et imprévisible. Toutefois, cette arme a été développée et forgée davantage contre des adversaires de tailles et d’allonges inférieures. Ce qu’a prouvé le premier combat avec Nate Diaz, c’est que cette tactique exposait aussi dangereusement l’Irlandais, susceptible d’être touché sévèrement par des adversaires aussi grands que lui.
Les moins : Lorsque, en introduction de mon analyse, j’ai dit que l’Irlandais écorchait joyeusement les fondamentaux de la science pugilistique, je ne visais pas à critiquer gratuitement Conor et à déclencher l’Ire de ses fans. Néanmoins, s’il y a bien une chose qu’a démontrée le premier combat entre Diaz et McGregor, c’est que ce dernier ne savait pas se protéger efficacement.
Visiblement habitué à combattre des droitiers disposant d’une allonge moindre, l’Irlandais fut véritablement exposé dans sa boxe lors de sa défaite. Ayant pris la mauvaise habitude de baisser constamment les mains et de garder le menton haut (prêt à être cueilli) Conor s’exposa régulièrement aux contre de Diaz durant toute leur première rencontre. Ce défaut majeur fut véritablement la raison de sa défaite (allié à son obstination préjudiciable de vouloir mettre KO le bad boy de Stockton). En effet, pour 2 coups portés par Conor lors du premier round, ce dernier se voyait infliger un contre de la part de son partenaire de danse. L’ennui principal étant que Nate Diaz pouvait se permettre ce genre d’échange du fait de son opiniâtreté et de son endurance tandis que ce n’était pas le cas pour le poster boy irlandais. Se fatiguant à vouloir absolument porter l’estocade, éprouvant des difficultés à rentrer dans la distance de Nate Diaz sans recevoir de contre, Conor s’engagea dans une dangereuse guerre d’attrition où sa défense parcellaire précipita sa défaite.
Je ne développerais pas sur le prétendu mauvais niveau au sol de l’Irlandais qui me semble totalement exagéré. En effet, nous manquons encore réellement d’image de l’Irlandais au sol pour tirer des conclusions efficaces à ce propos. Par ailleurs, la soumission effectuée par Nate ne saurait préjuger de ce niveau en ce qu’elle est, à mon sens, plus le résultat de l’écroulement mental et physique de McGregor que de sa réelle carence en grappling. N’en déplaise aux fans, c’est bien debout qu’a été vaincu, l’Irlandais.
Enfin, l’autre défaut majeur de Conor est sa non-maîtrise totale des coups fondamentaux de boxe thaï, en particulier des low kick. Cet outil constituerait pourtant une arme de choix contre Nate Diaz (Sur 3 de ses précédentes défaites, deux au moins sont dues à l’utilisation effective de low kick par ces adversaires ; Benson Henderson et Rafael Dos Anjos pour ne pas les nommer), mais ne fait malheureusement pas partie de l’arsenal du notorious.
https://www.youtube.com/watch?v=Kjd7Yhk_zoc
Nate Diaz : longtemps considéré comme un gatekeeper de haut vol, le résident de Stockton ne dut pendant très longtemps sa célébrité qu’à son lien de fraternité avec la star Nick Diaz. Sa victoire sur l’Irlandais préféré des fans l’a néanmoins propulsé hors de l’ombre de son frère. Stylistiquement proche et à la fois différent de son aîné, Nate Diaz allie une boxe défensive classique plus minimaliste que celle de son frère, à un cardio et un mental à l’épreuve des balles. Dépourvu de réelles capacités en lutte offensive, il dispose toutefois d’une des gardes au sol les plus versatiles du game, et d’un sens inné du finish qui lui permet de se débarrasser d’un adversaire mal en point à l’aide d’une soumission éclair lorsqu’un signe de faiblesse se fait sentir.
Les plus : La boxe de Nate constitue une arme déroutant la plupart de ses adversaires. Beaucoup plus explosif et minimaliste que son aîné, Nate explose souvent sur des courtes combinaisons (jab-cross ; jab-cross-hook) dont il varie le rythme pour tromper son adversaire. Faussant habilement les distances en se tenant le buste en avant, le résidant de Stockton surprend régulièrement ses adversaires en sortant aisément de leur distance de frappe d’un simple retrait du buste, ou entrant brusquement en collision avec eux lorsque ces derniers se croient en sécurité. Ne disposant pas d’un réel pouvoir du KO, le bad boy californien appuie suffisamment ses coups pour marquer durement ses adversaires à chaque échange. En effet, bénéficiant d’une dureté légendaire (mis ko une seule fois au cours de sa carrière), Nate peut se permettre de recevoir deux ou trois coups de son adversaire juste pour le toucher une fois de son côté. Ne vous détrompez pas, si guerre d’usure il y a, Nate Diaz en sortira la plupart du temps vainqueur.
Allié à cette boxe offensive et contre offensive (son retrait de buste allié à un crochet du bras avant est une véritable merveille ayant surpris plusieurs fois Conor), la défense de Nate est de loin supérieure à celle de son vis-à-vis. Se basant principalement sur le physique atypique de Nate, celle-ci se constitue principalement de retrait de buste, de mouvement minimaliste des épaules (shoulder roll) et de parade du bras avant ou arrière. Pour quelqu’un de non habitué à la boxe, cette méthode semble brouillonne et laide, mais pour un observateur attentif son efficacité ne fait aucun doute : en effet, quoiqu’on en dise, Nate fut rarement réellement touché lors son premier combat, recevant généralement les coups de Conor en bout de course ou sur des zones solides de son visage (front, épaules, etc…).
Deux outils viennent s’ajouter au stricking du Californien : son clinch et sa garde au sol.
– Concernant le clinch : Nate Diaz ne dispose certes pas d’un clinch offensif du niveau d’un Jon Jones ou d’un Wanderlei Silva du Pride, néanmoins sa capacité à casser le rythme du combat via ses accrochages fréquents constitue un outil des plus précieux. À la différence de son frère capable de suivre de manière préjudiciable son adversaire du début à la fin du combat, Nate coupe fréquemment l’action en saisissant son adversaire et le tournant dos à la cage. Ce clinch n’a en réalité que deux buts : le premier est d’empêcher l’adversaire d’utiliser sa distance de frappe lorsque ce dernier a su rentrer sous son allonge (en saisissant l’adversaire, Nate paralyse l’action et irrite considérablement son adversaire) et le deuxième est de dicter le rythme du combat en imposant des temps de pause. En procédant ainsi, Nate empêche son adversaire d’adopter un rythme d’action lui permettant de caler ses phases d’efforts et de récupérations, et le force à faire du fractionné selon les modalités que lui-même dicte. Cela n’a l’air de rien, mais sur un combat en 5 rounds avec un monstre de cardio comme Nate, cette stratégie peut s’avérer des plus payantes.
– Concernant la garde au sol : Nate fait partie de ce club très select des ceintures noires de jiu-jitsu brésilien. Je devrais d’ailleurs ajouter ceinture noire légitime tant la différence de niveau entre les différents détenteurs de ce précieux sésame se fait sentir dans l’octogone. Diaz ne possède pas le grappling rugueux et puissant d’un RDA ou d’un Nurmagomedov, ni d’une finesse technique d’un Demian Maia ou d’un Ronaldo Souza, toutefois sa garde fait partie des plus dangereuses de sa catégorie. Profitant de ses longs segments et d’un sens inné de la soumission, Nate saisit la moindre opportunité pour lancer une tentative de soumission. Son arsenal à ce propos demeure des plus varié (guillotine, Kimura, triangle, étranglement arrière, etc.). Ses capacités sont tempérées toutefois par ses carences en lutte l’empêchant d’amener le combat au sol. Néanmoins, Diaz bénéficie, grâce à son jiu-jitsu d’une carte défensive non négligeable en ce que peu d’adversaires seront capable de tirer avantage d’un knockdown ou d’une mise au sol contre lui, et d’un atout offensif indéniable en ce qu’il lui permet de mettre rapidement fin à un combat lorsque son adversaire commence à flancher.
Les moins : Si Diaz possède des qualités indéniables de combattant, il souffre toutefois de défauts au moins aussi considérables. Tout d’abord, à l’instar de son frère, Nate est un piètre ring cutter : étant incapable de couper l’octogone convenablement il subira le rythme des adversaires suffisamment agiles pour tourner autour de lui pendant l’ensemble du combat (Josh Thompson et Benson Henderson ayant parfaitement démontré ce point). De plus, et ce malgré de récentes améliorations à ce niveau, observable dans ses derniers combats, Nate demeure très vulnérable aux techniques de jambe en ligne basse (voir le combat contre RDA à ce propos). Ces faiblesses, allié à son obstination confinant au fanatisme font qu’il est aisé de monter un gameplan des plus indiqués contre lui. À la différence de Conor, Diaz est des plus prévisibles : chacun sait ce qu’il va apporter sur la table et quelle recette sera la bonne pour le défaire (l’exécution de cette recette peut toutefois poser problème).
Le pronostic :
Ce qui rend ce combat passionnant à mon sens, c’est que chaque participant dispose des armes pour vaincre l’autre et que la clé de la victoire reposera sûrement dans les ajustements techniques effectués lors des entraînements en amont de cette rencontre. Le combattant qui sortira vainqueur de cet affrontement sera celui qui aura le mieux retenu les leçons du premier combat.
Pour Conor le gameplan est simple : profiter de sa supériorité technique dans les domaines du déplacement et l’usage des jambes pour empêcher Diaz de dicter le rythme du combat. Il s’agira de le piquer et de ressortir le plus fréquemment possible ainsi que de le frustrer en le privant des échanges debout qu’il affectionne tant. Si Conor a convenablement préparé son combat, il sera prêt pour une guerre des nerfs de 5 rounds qui ne sera pas des plus jouissive à voir, mais qui lui assurera une victoire quasi certaine contre Nate.
Si Conor s’obstine toutefois à en faire une affaire d’orgueil et cherche à mettre KO Diaz, il y a de grandes chances que ce second combat se termine de la même manière que le premier.
Pour Diaz, le gameplan est lui aussi très simple et tient en un seul mot : pression. Il conviendra en effet pour ce dernier de profiter de son allonge et de son explosivité pour imposer un rythme d’enfer à l’Irlandais, le poussant à commettre l’erreur de rechercher une bagarre qui sera des plus préjudiciables pour ce dernier. Nate sera par ailleurs mieux préparé physiquement et mentalement pour ce combat en ce qu’il a bénéficié cette fois d’un camp complet et en ce qu’il connaît les faiblesses du notorious.
Si Diaz ne parvient toutefois pas à enclencher un processus de guerre d’usure et qu’il s’obstine à rechercher une bagarre qui n’aura peut-être jamais lieu, il y a de grandes chances qu’il perde aux points ce combat.
La victoire appartiendra donc à celui qui comprendra le mieux qu’un combat de MMA, avant d’être une bagarre ou un spectacle, est un jeu d’échecs où il faut éviter les plus de l’adversaire et exploiter ses moins.
Néanmoins, compte tenu du fait que c’est à Conor d’effectuer le plus d’ajustements pour le remporter ce combat, je pense pouvoir rationnellement envisager une victoire du bad boy de Stockton : Victoire de Diaz par TKO au round 3.
Décidément l’UFC se sent parfois d’humeur particulièrement généreuse avec certaines cartes. L’UFC 202 fait parti de ces événements dits garnis en ce qu’ils ne consistent pas en l’assemblage décevant d’un combat phare visant à appâter le chaland et d’une foultitude de luttes anonymes et aux enjeux moindres, mais bien en une somme de combats de première importance. En effet, le co-main de l’UFC 202 est au moins à la hauteur du match précédemment décrit, et peut être même plus en ce qu’il déterminera très probablement le prochain contender au titre des mi-lourd jalousement gardé par Daniel Cormier. Assez ironiquement d’ailleurs, l’on notera que la lutte oppose un ancien contender ayant subit une véritable correction aux main du champion incontesté, mais controversé Jon Jones, et un aspirant ayant reçu une leçon de mental de la part de l’actuel champion Daniel Cormier. Au-delà de ses allures de matchs de rédemption, ce combat promet d’être des plus passionnants en ce qu’il oppose deux clients adeptes de la victoire par KO tonitruant.
https://www.youtube.com/watch?v=CVIrJb5Foz8
L’analyse technique :
On aurait tort de réduire ce combat en l’opposition de deux machines à distribuer les KO. En effet, si Glover et Anthony sont de très sérieux cogneurs, ils disposent en plus de leur punch de nombreuses qualités (et de nombreux défauts) techniques rendant cette lutte passionnante.
Glover Teixeira : Malgré son écrasante défaite aux mains de Jones et sa regrettable contre-performance lors de son match l’opposant à Phil Davis, Glover est indéniablement l’un des meilleurs et des plus sous-estimés mi-lourds actuels. Disposant d’un style de combat complet fonctionnant sur une boxe anglaise dite en pression et sur des qualités de lutteur et de grappleur étrangement sous-évaluées, Teixeira constitue une menace pour n’importe quel combattant de sa catégorie.
Les plus : La principale qualité de Glover (constituant aussi son principal défaut on le verra) est sa boxe dite « en pression ». Glover aime en effet stalker son adversaire d’un bout à l’autre de l’octogone afin de l’asphyxier par sa présence et de le contraindre de prendre l’initiative de l’attaque. En effet, Teixeira n’ouvre que très rarement les hostilités et se contente bien souvent d’attendre l’ouverture occasionnée par l’action de son adversaire. Dès que son opposant cherche à sortir de l’enfermement en utilisant des déplacements latéraux ou en attaquant Glover par des techniques de poings, ce dernier contrera soit à l’aide d’un puissant direct du bras arrière, soit d’un violent crochet du bras avant (ces techniques simples lui valurent le scalp de Rashad Evans ou de Ryan Bader). Peu varié dans ces techniques de boxe, et utilisant rarement ses techniques de jambes, la vraie force de Glover réside dans son jeu de jambes et sa patience : il est en effet un des rares bon ring cutter de l’UFC et est ainsi capable d’enfermer facilement ses opposants les moins attentifs contre la grille où il peut déployer efficacement sa boxe, par ailleurs son sang froid lui permet d’attendre le moment propice pour déclencher les hostilités et rend sa pression des plus efficaces. Glover n’est ni un styliste ni un bagarreur (il a d’ailleurs été mis plusieurs fois knockdown lors de brawl, notamment contre l’injustement sous estimé Fabio Maldonado). En plus de ce travail en pression et en contre, Glover dispose de solides capacités de lutteur et d’un sens inné du finish en soumission qui le rendent dangereux dans toutes les phases du combat.
Concernant sa lutte, Glover aime travailler en single leg et à partir du clinch pour amener son adversaire au sol. S’il ne dispose pas du bagage technique d’un Daniel Cormier, sa lutte lui a permis de dominer des adversaires plus athlétiques que lui (Ovince Saint Preux) et de neutraliser le jeu de certains lutteurs (Ryan Bader). Il est peu probable que Teixeira puisse utiliser efficacement sa lutte contre Johnson, néanmoins, cette qualité pourrait lui permettre de temporiser des situations critiques où ses tentatives de mise au sol paralyseront l’évolution du combat et lui permettront de récupérer en cas de coup dur.
Par ailleurs, avec plus de 7 soumissions à son actif, Glover est un dangereux grappler capable de saisir n’importe quelle ouverture pour finir son adversaire. À mon sens, cet aspect étrangement sous-estimé de son style est le plus susceptible de faire la différence lors de on combat avec Johnson. En effet, s’il ne dispose pas d’une garde offensive ou d’une capacité à construire des soumissions au sol, Glover détient ce flair tout particulier lui permettant de tirer avantage de la moindre erreur de son adversaire. Si Johnson ne prend pas garde, il pourrait être à ce niveau-là désagréablement surpris.
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Enfin, la dernière qualité de Glover et peut-être la plus difficilement quantifiable matériellement est son mental de guerrier et sa dureté. Mis une seule fois KO lors de toute sa carrière, disposant de capacités de récupération hors norme, le brésilien est très difficile à finir. De plus, sa volonté de fer le pousse à combattre jusqu’au bout, et ce même dans les scénarios les plus catastrophiques (voir son combat contre Jon Jones). Bien que perdant décisivement le combat, Glover continuera d’être une menace jusqu’à la dernière seconde.
Les moins : Glover est l’un de ses combattants dont les principales qualités constituent aussi les principaux défauts. En effet, le brésilien est véritablement amoureux de sa propre boxe et en oublie parfois ses autres qualités. Ainsi, Teixeira s’est bien souvent obstiné dans une stratégie perdante consistant à répéter inlassablement la même combinaison de boxe durant tout un combat (contre du bras arrière et retour en crochet) oubliant ses qualités de lutteurs et de grappler. Par ailleurs, il semble que le brésilien ait toutes les peines du monde à s’adapter à un adversaire le battant dans l’un de ses domaines de prédilection. C’est cette incapacité d’adaptation qui le sépare, à mon sens, des tout meilleurs de la catégorie. Plus grave encore, son mental de guerrier peut le pousser à s’engager dans des guerres où ses lacunes défensives peuvent être exploitées par des adversaires pourtant moins habiles que lui.
Pour le dire autrement, quand tout va bien, Glover est une machine absolument inarrêtable, mais lorsque les choses commencent à tourner chocolat, le Brésilien se recroqueville sur un jeu technique des plus pauvres.
Anthony Johnson : Considéré actuellement comme le top 2 de la catégorie (les frasques du Roi Jones l’ayant de facto exclu du classement), Anthony Johnson est un cauchemar pour la grande majorité des combattants, en ce qu’il allie aptitudes athlétiques hors normes, qualités techniques indéniables et pouvoir de KO dévastateur. En véritable bully, Johnson gagne bien souvent ses combats avant même d’entrer dans l’octogone grâce à sa capacité à intimider mentalement ses adversaires.
Les plus : À l’instar de Glover, Anthony est avant tout un combattant en « pression » qui marchera continuellement sur son adversaire et lui imposera son rythme dès les premières secondes du combat. À la différence de Glover toutefois, « Rumble » est plus complet dans son jeu debout et surtout beaucoup plus agressif (là on frôle quasiment la pathologie). En bon bully, Johnson est des plus efficaces lorsqu’il parvient à effrayer son adversaire et ainsi à dérouler son jeu offensif des plus varié. En effet, si Anthony possède de la dynamite dans les poings il est aussi capable de percuter avec de tonitruants high kicks des deux jambes. Disposant d’un kickboxing assez propre fonctionnant sur des ouvertures en poings et des conclusions en jambes, l’américain possède aussi un jeu de jambes atypique déstabilisant la plupart de ses opposants (il varie assez régulièrement en gaucher et en droitier afin de conclure avec des high kick de la jambe arrière assez imprévisibles).
Capable de mettre KO sur chacune de ses techniques, Johnson ne dispose pas en revanche d’une défense imperméable ou de contres dissuasifs. Néanmoins son pouvoir naturel de KO tend à intimider ses adversaires qui hésitent bien souvent à déclencher l’action lorsque « Rumble » s’expose.
Par ailleurs, Anthony est un des meilleurs contre lutteur du game, son explosivité et sa force physique naturelle lui permettant de sprawler efficacement contre les tentatives de mise au sol de ses adversaires. Pire encore, Anthony se servira souvent de ces tentatives avortées pour porter lui même le combat au sol dans une position avantageuse ou son incroyable puissance lui permettront de finir le combat rapidement (RIP Ryan Bader).
Les moins : Comme tout bully, Anthony semble dépourvu de défaut lorsqu’il contrôle le combat. L’intimidation qu’il dégage lui permet de commettre des erreurs qui ne seront pas exploitées par la plupart de ses adversaires. Toutefois, ces défauts sont bien présents et ont pu, à certaines occasions être mis à profit par des combattants suffisamment confiants en eux-mêmes. L’un des défauts majeurs d’Anthony est son habitude à s’exposer aux contres lorsqu’il attaque. Menant bien souvent ses combinaisons tête haute et mains basses, Johnson mise sur la peur qu’il inspire davantage que sur ses qualités défensives, si bien que certains adversaires ont pu le contrer sévèrement sur des échanges debout (Vitor Belfort pour ne citer que lui). Par ailleurs sa violence pathologique semble jouer contre lui dans certains combats qu’il pensait mener. Désirant absolument finir le combat, Anthony ne gère pas véritablement son effort et peut s’épuiser à terminer un combat lorsque son adversaire montre des signes de faiblesse (voir son combat contre Daniel Cormier).
De plus, à la différence de Glover, Johnson ne dispose pas d’un jeu de MMA complet, ses qualités de grappler se résumant à chercher le dégagement au sol pour se repositionner debout.
Enfin, et encore une fois à la différence de Glover, Anthony ne possède pas un bon mental et a tendance, comme tout bully, à perdre ses moyens lorsqu’il sent de la résistance. Lorsqu’il ne parvient pas à finir rapidement le combat, Anthony ne représente plus que la moitié de la menace qu’il constituait au début de l’engagement. Allié à son manque de cardio, ce défaut mental condamne Johnson si le combat vient à s’éterniser.
Il est très difficile de prédire l’issue d’un combat entre deux cogneurs de la trempe de Glover et de Johnson car trop d’aléas empêchent un tel exercice. Les deux combattants disposent ici encore des armes pour triompher. Plus encore que dans n’importe quel autre combat, l’issue sera ici déterminée par la capacité de chaque combattant à faire preuve de suffisamment de sang froid pour imposer son jeu à son adversaire.
Pour Glover l’essentiel sera de ne pas se laisser intimider et profiter de son avantage technique défensif et contre offensif pour marquer Anthony dans un premier temps debout. Il s’agira de le piquer et d’éviter la bagarre avec lui pour au moins un round. Lorsque Anthony aura brûlé son énergie à vouloir infliger un KO, il sera alors temps de dérouler la lutte et le grappling permettant d’asphyxier encore plus efficacement ce dernier.
Pour Rumble, il sera capital de ne pas subir la pression de Glover et d’éviter à tout prix les échanges de boxe à mi-distance. L’utilisation de high kicks et d’autres techniques de kickboxing seront en revanche plus que bienvenues. Si en plus, Anthony est capable d’économiser son énergie et d’envisager ce combat comme une course de fond et non un sprint, la victoire sera certainement sienne.
èUn facteur joue indéniablement en défaveur de Rumble : il est très peu probable qu’un guerrier de la trempe de Glover soit intimidé par lui.
Un facteur joue en revanche en sa faveur : le combat n’est qu’en trois rounds, il sera donc possible, dans le pire des scénarios, d’arracher une victoire aux points en cas de domination de la phase initiale du combat.
À mon sens toutefois, Glover est ici encore une fois sous-estimé, et sauf KO brutal au premier round lors l’un des échanges, je pense qu’il sera capable de surprendre et de marquer Anthony Johnson, grand favori de ce combat. Teixeira vainqueur par soumission au round 3.
Troisième combat que j’analyserais en profondeur, l’opposition d’un des chouchous de l’UFC, le très haut en couleur Donald Cerrone, contre le roi des trouble fêtes Rick Story, prend des allures de véritable test pour chacun des protagonistes : Pour Cerrone il s’agit en effet de solidifier sa place d’acteur sérieux de la catégorie des mi-moyens. Pour Rick Story ce combat offre une opportunité de quitter le rôle de gatekeeper occupé depuis plusieurs années. Techniquement parlant, nous avons ici affaire à l’opposition d’un technicien privilégiant le combat « de l’extérieur » à un swarmer/dirty fighter visant généralement à casser la distance pour déborder son adversaire peu habitué au combat de près.
L’analyse technique :
Matchup des plus intéressants à mon sens, l’opposition brutale de deux écoles traditionnellement opposées de la boxe promet d’être explosive. Il existe en effet une rivalité naturelle entre les out fighter (combattant à distance longue) et les in fighter (combattant à distance courte) qui n’est pas sans rappeler l’opposition du rétiaire et du secutor des jeux antiques romains. La configuration de style est telle que l’on est presque certain d’assister à un divertissement de haute volée.
Donald Cerrone : La mascotte de l’UFC est avant tout un striker académique issu de la grande tradition du Muay Thai. Profitant de son allonge et de ses longs segments il cherche la plupart du temps à maintenir son adversaire à distance, où il peut à loisir développer des séries de percussions puissantes. Donald dispose toutefois aussi d’une garde assez dangereuse le permettant de se tenir à l’abri des lutteurs cherchant à le dominer au sol.
Les plus : Donald est un excellent striker utilisant efficacement son allonge grâce à des techniques de mises à distance qu’il a peaufiné au cours de sa prolifique carrière. S’il avait du mal dans ses débuts à maintenir la distance avec ses adversaires, Donald a depuis développé un arsenal de techniques directes l’aidant efficacement dans sa tache. L’utilisation fréquente de front kick et d’attaques du genou arrière sont autant d’outils visant à bloquer son adversaire à distance longue. Pire, habituant son adversaire à de telles attaques, Donald aime tromper en feintant de tels coups pour dérouler efficacement ses techniques de poings (capable de mettre KO un adversaire de la trempe de Patrick Côté, ce qui n’est pas négligeable).
À ce jeu efficace de techniques directes vient s’ajouter toute une batterie de techniques circulaires mortelles. Les low kick du cowboy se sont avérés d’une redoutable efficacité contre bon nombre d’adversaires (dont l’actuel champion des légers Eddie Alvarez) et peuvent faire la différence contre à peu près n’importe quel combattant. Par ailleurs, Donald affectionne déclencher des high kick dans des angles et configurations imprévisibles : que ce soit au milieux d’un brawl (son KO contre Adrianno Martins) ou lors de déplacements à la manière d’un Carlos Condit. Cette dernière attaque est à même de mettre fin à tout moment au combat.
En plus de son muay thaï des plus académiques, Donald a développé par la force des choses une garde de jiu-jitsu assez venimeuse. Adepte de l’adage « la meilleure défense c’est l’attaque », le cowboy harcèle continuellement son adversaire de tentatives de soumission lorsqu’il est au sol, le protégeant ainsi efficacement de toute offensive, et lui permettant même parfois de faire basculer son adversaire afin de se repositionner debout.
À ces qualités techniques viennent s’ajouter un mental et un sang froid à toute épreuve, lui permettant de revenir dans le combat malgré un début difficile (contre Eddie Alvarez ou encore à la fin de son combat contre Nate Diaz).
Les moins : Étonnamment, bien que combattant de MMA, Donald Cerrone fait montre des mêmes défauts qui empoisonnent la plupart des combattants issus du Muay thaï traditionnel.
Ainsi Donald a tendance à être un slow starter et à se montrer particulièrement vulnérable en début de combat, ce qui a pu lui causer d’écrasantes défaites par le passé (contre Anthony Pettis, contre RDA).
Par ailleurs, les mains de Donald Cerrone ne constituent pas son meilleur atout, et ce d’autant lorsqu’il se retrouve à courte portée où ses techniques manquent de précision et d’explosivité.
Enfin, et c’est le plus important, la défense de Cerrone est pour le moins lacunaire. Se tenant droit et tête haute, le cowboy s’expose facilement lorsque son adversaire parvient à casser la distance. Ayant conscience de cela, Donald pèche alors par un accès de prudence et tend à monter les mains de manière trop prévisible lorsqu’il est débordé, exposant ainsi dangereusement son abdomen.
Rick Story : Rick n’est pas ce que l’on pourrait appeler un fan favorite, au contraire ce dernier semble prendre un malin plaisir à surprendre les combattants bénéficiant d’une plus grande visibilité médiatique grâce à un style que certains pourront qualifier de laborieux. En effet, Story n’a pas, pour les néophytes du moins, un style agréable à regarder, mais son efficacité ne fait en revanche aucun doute.
Les plus : Rick Story est un combattant complet en MMA. Il dispose d’une boxe rapprochée efficace, d’une lutte et d’un clinch de qualité et surtout d’une discipline lui permettant de tirer au mieux parti de ses avantages.
La grande force de Rick est sa capacité à casser la distance et à évoluer en combat rapproché où son savoir technique en boxe anglaise lui permet de briser mentalement son adversaire. Contre la cage, Story utilise habilement le clinch et la pression du haut de son corps pour paralyser son adversaire tout en développant des attaques au corps visant à saper l’endurance de ce dernier. Les body punch de Rick Story sont d’ailleurs l’un de ses atouts en ce qu’ils lui permettent de couper le souffle de son adversaire et surtout de l’inciter à abaisser sa garde. Une fois chose faite, Rick déroule des techniques ligne haute en crochet qui toucheront presque à chaque fois.
Capable de maintenir une pression constante sur tout un combat, Rick est suffisamment dur au mal et versé en défense pour éviter le KO.
Adepte du grinding contre la cage il poussera l’adversaire en retard au score à prendre des risques et déclenchera à ce moment sa lutte.
Discipliné, calme et efficace, Rick compense son manque de talent par un gameplan millimétré, une volonté à toute épreuve, une dureté indéniable (jamais mis KO en 27 combats) et un style asphyxiant. Ainsi, il a pu venir à bout de combattant bien meilleur que lui sur le papier (Johny Hendricks, Tarec Saffiedine, Gunnar Nelson).
Les moins : Il n’y a malheureusement pas grand-chose à reprocher à Rick si ce n’est son manque de facilité athlétique et de talent inné. Bon dans tout les domaines, mais excellent nulle part, Rick sera généralement en difficulté en cas d’affrontement avec un réel spécialiste.
Par ailleurs sont style lui-même, tout en effort et en construction, peut lui jouer des tours en ce qu’il n’est pas souvent apprécié à sa juste valeur. Les juges pourront ainsi privilégier un adversaire au style plus propre ayant pourtant été pressurisé par Story pendant l’ensemble du combat.
Rick Story fait partie de ces combattants auxquels il manque juste un je-ne-sais-quoi d’instinct, de folie ou encore de créativité le séparant des tout meilleurs de la catégorie.
Assez étonnamment, Donald Cerrone est donné favori dans ce combat. Je dis assez étonnamment d’un point de vue stylistique car Rick Story représente la bête noire de Donald. Suffisamment habile pour casser les distances, à l’aise en distance rapprochée, plus complet que Cerrone, Rick a de plus affronté et triomphé de plus gros combattant disposant d’un bagage technique au moins équivalent à celui du cowboy (Tarec Saffiedine notamment).
Je pense que, comme à son habitude, Rick viendra de nouveau troubler la fête en désarçonnant le favori pour le plus grand (dé)plaisir des fans. Rick Story vainqueur par Unanimous décision
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LIM vs PERRY : LIM vainqueur par KO au 1er round.
MEANS vs HOMASI : MEANS par unanimous decision.
GARBRANDT vs MIZUGAKI : GARBRANDT par KO au 3ème round.
PENNINGTON vs PHILLIPS : PENNINGTON par unanimous decision.
LOBOV vs AVILA : LOBOV par TKO au 2ème round.
CASEY vs MARKOS : CASEY par unanimous decision
MAGNY vs LARKINS : MAGNY par unanimous decision.
COVINGTON vs GRIFFIN : COVINGTION par soumission au 2ème round.
PEREIRA vs VETTORI : PEREIRA par TKO au 2ème round.
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