Parlons un peu des Français tant qu’il en est encore temps. C’est aussi ça la magie du premier tour : de jeunes français inconnus du grand public qui percent le temps d’un match. Corentin Moutet est l’un d’entre eux puisqu’il s’est imposé au premier tour face à Ivo Karlovic. Il est donc devenu le troisième plus jeune français à gagner un match à Roland. Tu faisais quoi, toi, à 19 piges ?

Avant de nous lancer dans le vif du sujet, faisons une petite présentation du phénomène. Corentin Moutet a 19 ans et 1 mois. Doté d’un physique peu avantageux pour jouer au haut niveau (1m75), le jeune français compense avec un talent absolument dingue et un toucher de balle de psychopathe. Alors normalement, là vous me dites : « S’il est si fort que ça, pourquoi on ne le connaît pas, hein ? » et là je vous réponds : « parce que t’y connais rien en tennis, miskine ». En réalité, Corentin Moutet a percé l’année dernière sur le circuit Challenger, l’antichambre du très haut niveau. Dans cette « seconde division » où traînent les joueurs entre la 80 et la 300ème place, Moutet a même eu l’occasion de s’adjuger un titre en Octobre dernier à Brest, en battant en finale un certain Stephanos Tsitsipas, dont vous allez probablement très vite en entendre parler. Avoir un titre en Challenger à 18 ans, ça promet. Moutet est donc tennistiquement bon et il ne laisse pas indifférent sur le terrain. Le problème, c’est que pour l’instant, Corentin Moutet est assez fragile dans la tête. Doté d’un (très) fort caractère, il peut arriver que Corentin Moutet balance des matchs ou pète un plomb. On a eu notamment eu l’occasion de le voir au tournoi BNP Paribas Primrose de Bordeaux où il a enchaîné les craquages et déstabilisations mentales face à Gulbis, pour totalement lâcher le match au troisième set. Cette donnée, que l’on peut considérer comme une faiblesse, le rend tout aussi attachant : Moutet fait vivre ses matchs. Comment peut-on détester un gamin qui tape des pompes sur le terrain pour fêter un titre ? Si tennistiquement peu de choses sont à améliorer – son service, notamment – il faudra qu’il apprenne à mieux maitriser ses émotions.

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Pourtant, sur ce premier tour à Paris, Corentin Moutet nous a prouvé qu’il pouvait se contrôler. Opposé à Ivo Karlovic (recordman d’aces en carrière), on pouvait s’attendre à ce que Moutet puisse craquer. Car on ne sait pas si vous connaissez ce sentiment de prendre uniquement des aces dans la tête pendant des heures, mais on vous garanti que c’est très, très frustrant. Surtout sur un match en trois sets gagnants. On pouvait donc craindre pour le maintien de Corentin Moutet dans le tableau principal de son premier Roland Garros, même s’il avait déjà réussi à dompter la bête de 2 mètres 13 à Quito en Février dernier (7/5 6/7 7/6). Alors honnêtement, quand on a vu le jeune français être mené 5-2 dans le tie-break du premier set, on a un peu transpiré. Pourtant, Moutet a montré qui c’était le papa – malgré les 20 ans de différences entre les deux athlètes – et a renversé la vapeur pour finalement prendre le premier set. Puis, Moutet s’est offert le luxe de breaker à deux reprises le grand croate dans un même set avant de remporter le dernier set dans un dernier tie-break. Première victoire donc et petit plongeon sur la terre battue parisienne, probablement le premier d’une longue série.

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L’opposition a fait que le match était particulier, mais Corentin Moutet a tout de même montré l’étendue de son talent. Le français a multiplié les coups improbables grâce à une aisance de déplacement hallucinante. On le rappelle pour les amateurs occasionnels de tennis : même si vous l’avez vu maintes et maintes fois des mains d’un Djokovic par exemple, frapper une balle en quasi grand écart n’est PAS humain. Pourtant, il nous a régalés de glissades acrobatiques avec des coups de raquettes zinzins à quelques reprises. Autre exploit, Corentin Moutet a tout simplement réussi à rendre un match d’Ivo Karlovic intéressant ! Pour information, ce n’était plus arrivé depuis 2002, soit l’époque où Karlovic savait encore courir. Parce que oui, soyons justes, Karlovic sur terre battue n’est pas le Karlovic sur gazon. Avec 44% de victoire en carrière sur la terre battue, difficile de faire du grand croate une référence. Mais n’ayez crainte, a 19 ans, Corentin Moutet a encore beaucoup de temps devant lui pour s’en offrir, et pourquoi pas dès le deuxième tour face à David Goffin ? En attendant, on vous laisse avec un tweet inspiré de @servicecuillère. Difficile de faire mieux, n’est-ce pas ?

[tweet https://twitter.com/servicecuillere/status/962000920879009792]

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