Avec Hands of Stone, le plus grand lightweight de l’histoire, le bouillonnant Roberto Duran a enfin droit au biopic qu’il mérite.

Roberto Duran, c’est l’histoire d’un boxeur de génie, extraordinairement actif, mais également instable. En chiffres, El Cholo compte 119 combats pour 103 victoires, dont 70 par KO ! Tout simplement ahurissant. Il commença ainsi sa carrière professionnelle à 16 ans seulement et par une victoire. Il l’a terminera 33 ans plus tard, par une défaite, le 14 juillet 2001 au Pepsi Center de Denver. Une longévité extraordinaire pour boxeur qui aura combattu jusqu’à 50 ans !

Sa rivalité avec le grandissime Sugar Ray Leonard marquera à jamais les esprits. Ainsi en 1980, les deux champions sont dans leur prime. Suite à une défaite par décision unanime en 1972, Duran enchaîne 41 victoires consécutives pour porter son bilan à 71-1. Face à lui se dresse la SUPERSTAR de la boxe en la personne de l’américain Sugar Ray Leonard. Avant ce superfight, le boxeur est à 27-0. Un épisode fera rentrer ce combat dans l’histoire. Alors que les deux savent qu’ils vont s’affronter, Duran fonce droit vers Leonard. Il le provoque et insulte la femme, la mère et les enfants de ce dernier. Aux côtés de sa famille lors de l’incident, Leonard est touché dans son estime.

« Je vais baiser ton mari sur le ring et quand j’en aurai terminé avec lui, je vais te baiser toute la nuit baby. » – Roberto Duran à la femme de Sugar Ray Leonard, sous les yeux de ce dernier

Cette scène est d’ailleurs reprise dans le film Hands of Stone. Bien qu’on ne soit pas certain des mots précis du Panaméen, ce fut d’une violence telle que Leonard changea son approche pour le pire. Il ne combattait plus pour la victoire, mais pour sa fierté et sa famille. Oublier le style aérien de ce dernier, le combat à venir allait être une véritable guerre.

En rentrant dans sa tête, Duran avait fait le plus dur. À Montréal, El Cholo infligera à Sugar Ray Leonard la première défaite de sa carrière (la seule dans son prime) à l’américain en l’emportant par décision unanime. Ce combat, attendu par tous les fans, vit l’américain remporter 8.5 millions de dollars, le plus gros salaire de l’histoire à l’époque.

SUR LE MÊME SUJET :

Dans la foulée et contre l’avis de Duran qui sombre dans la fête, l’alcool et la bouffe, son manager Carlos Eleta accepte un rematch 5 mois plus tard. Au delta de l’argent que le manager allait recevoir, il ne voulait pas voir sombrer son poulain dans tous les excès. Pour la revanche, Duran se voit offrir 8 millions tandis que Leonard en accepte 7.

À la rue physiquement et dominé comme jamais par un Sugar Ray Leonard en mission. Au 8e round, Duran abandonne purement et simplement en disant à l’arbitre « No Mas ». Si le boxeur a effectivement abandonné, il a depuis démenti à maintes reprises avoir dit « No Mas », mais plutôt « No sigo, no sigo, no sigo ». Selon ses dires, c’est le commentateur de l’époque, Howard Cosell qui aurait prononcé le fameux « No Mas », repris ensuite partout. Roberto Duran ajoute qu’il abandonna à cause de crampes à l’estomac. En effet, le Panaméen avait pris beaucoup de poids et il n’avait tout simplement pas supporté le yoyo du weight-cutting. L’issue du combat est particulièrement rageante quand on sait que les scores n’étaient que de 68–66, 68–66, et 67–66 en faveur de Leonard…

Après ce combat, Roberto Duran démarrera une longue traversée du désert. Hais dans son propre pays comme aux États unis pour avoir balancé le combat, il lui faudra 3 ans pour revenir au top. En 1983, après 2 nouvelles défaites pour 4 victoires, il affronte le champion invaincu welterweight Davey Moore. Duran infligera un violent KO à l’américain et repartira avec la ceinture WBA. En 1989, il aura droit à la belle face à Sugar Ray Leonard et s’inclinera par décision unanime…

Si Hands Of Stone est un biopic très convenu, il permet d’en savoir plus sur la personnalité bouillonnante qu’était Roberto Duran. On en apprend ainsi beaucoup sur son enfance difficile, sa haine pour les « Gringos » et sa fameuse rivalité avec Sugar Ray Leonard. Un film à voir pour tous les passionnés de boxe et de sport en général. Le choix d’Usher en Sugar Ray fonctionne très bien et avec Hands Of Stone, De Niro s’offre son plus beau rôle depuis Silver Linings Playbook. Edgar Ramirez, impeccable en Duran réussit même l’exploit de nous faire oublier Point Break.

Partager cet article

Tags Boxe

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

  1. Duran, Leonard, Hagler, Hearns – quand le Fabulous Four régnait sur le monde

    […] la rivalité Sugar Ray Leonard, Roberto Duran aura emballé les foules un temps (on vous en parlait ici), les duels 100% US ont atteint des sommets. En cela, le premier Leonard vs. Hearns en 1981, alors […]

    Répondre