Les Soul Flyers sont en quelque sorte les Harlem Globetrotters du parachutisme. Composé des français multiples champions du monde Fred Fugen et Vincent Reffet, ils repoussent à chaque saut, les limites de la chute libre. Leur coup de maître : un saut depuis la plus haute tour du monde à Dubaï ou au-dessus du Mont-Blanc. La semaine dernière, ils ont encore fait le buzz avec une vidéo tournée dans les Dolomites. On a discuté avec Fred Fugen pour revenir avec lui sur ce projet fou, mais aussi sur son parcours.
Fred Fungen: C’est un spot qu’on connaît bien puisqu’on est déjà allé faire du base jump là-bas, il y a quelques années. Ce sont des montagnes magnifiques et très verticales aussi. Comme l’idée de ce projet était de faire des manœuvres très verticales, c’était donc très bien adapté. Pour cette vidéo on a sauté depuis un hélico à mille mètres au-dessus des montagnes, ce qui nous a donné la hauteur suffisante pour faire au départ des mouvements de Freefly puis partir plus en vol de type wingsuit et repartir ensuite avec la figure finale. Les combinaisons qu’on portait pour ce saut nous ont permis de mélanger les disciplines, chose qu’on adore faire.
Fred Fugen: Cela fait 15 ans qu’on saute ensemble. On connaît bien le caméraman qui est un parachutiste très expérimenté. Avec Vince, on avait commencé à faire pour ce projet une soixantaine de sauts deux mois avant, puis une session d’entraînement avec le vidéoman à la veille du départ pour les Dolomites. Arrivée en Italie, on savait donc grosso modo ce qu’on allait faire. Après en fonction de la forme de la montagne, on a du adapter nos moves. On a fait une quinzaine de sauts sur place afin de faire la vidéo et d’avoir les différents points de vue pour le montage. Grâce à une météo favorable, on a bouclé le tournage en 3 jours.
Fred Fugen: Complètement, on fait une répétition au sol avant chaque saut afin d’être parfaitement synchro. Dans les airs, on peut communiquer entre nous via radio pour engager des mouvements et s’adapter pour avoir une bonne synchronisation. Le fait également qu’on a plus de 10 000 sauts ensemble avec Vince aide par ailleurs énormément.
Oui, on fait pas mal de course à pied, de vélo et la natation. Dès qu’on a du temps du libre, on en profite pour s’aguerrir. À très haut niveau, le parachutisme reste très physique et cela demande d’être bien gainé et fort pour être puissant en l’air pour faire les mouvements et se déplacer.
Juste, il faut bien expliquer aux gens que la wingsuit n’est pas une discipline, mais une combinaison. Le parachutisme et le base-jump sont deux disciplines différentes. Pour la première tu sautes d’un avion et pour la seconde d’un point fixe. La wingsuit tu peux l’utiliser dans les deux. La combinaison est donc un outil pour planer et tomber plus lentement.
Nous on vient du freefly, on s’est mis ensuite à la wingsuit qui offre de nouvelles sensations et une approche différente. Tu vas moins certes moins vite, mais tu peux faire plus de figures. Elle est également très intéressante quand tu es près du relief, car tu te rends vraiment compte de tes déplacements. Quand on a commencé à bien maîtriser ses ailes, on s’est mis à sauter de falaises en base-jump. On peut faire des vols de plusieurs minutes. Les plus longs peuvent aller jusqu’à 2 minutes et demie.
La plupart des vidéos qu’on peut voir sur internet où les gars rasent le sol, cela s’appelle de proximity flying. On en voit beaucoup, car techniquement ce n’est pas si dur que cela puisqu’il suffit juste de planer. Avec ce type de vol, on a en revanche pas mal d’accidents très graves. Nous en a fait, mais c’est nous on aime bien faire des choses qui soient nouvelles. On a donc eu l’idée de faire des figures de parachutisme avec des wingsuit. On essaye d’être le plus inventif possible.
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Non, on ne sait jamais fait trop mal, après oui a eu quelques petites frayeurs. Mais je ne connais pas un mec qui pratique un sport extrême qui ne s’est jamais fait peur. Nous sommes dans des disciplines où ça va très vite et il se passe parfois des trucs un peu chaud. À ce moment-là, tu te poses et tu essayes de comprendre ce qu’il s’est passé. On fait un break, on analyse la vidéo pour savoir où on a merdé pour éviter de la refaire et que ce soit plus grave la prochaine fois. Mais tout cela ne t’empêche pas de continuer.
On ne peut pas trop en parler, mais il y a des projets qui sont déjà tournés et qui vont sortir avant la fin d’année. On en a d’autres en cours et qui seront réalisés l’an prochain dont un dans les Antilles françaises avec un saut en avion.
Non la compet c’est terminée. Avec Vince, on en a fait pendant pas mal d’années à un moment j’en avais un peu marre. J’avais la sensation d’avoir fait le tour. On avait également de nombreux projets en tête sauf qu’on a avait ni le temps, ni les moyens pour les réaliser. On s’est donc mis à la recherche de sponsors. Entre-temps et avant de signer avec Red Bull, on a donné pendant 3 ans des cours de parachutisme. On a par ailleurs pas mal voyagé et on avait plus de temps pour faire du base-jump et de la wingsuit. Avec Red Bull et d’autres, on peut maintenant monter des gros projets comme le saut à Dubaï. Aujourd’hui, on s’en sort bien, on vit de nos vidéos et on a arrêté de faire de l’enseignement.
Avant le saut de Felix, Red Bull était déjà dans le milieu. Je ne pense pas que cet évènement ait changé énormément pour le parachutisme. Nous, on était déjà avec eux et ils soutiennent plus d’une vingtaine d’athlète. C’est une chance d’avoir quand même une marque comme celle-ci avec toi, tu es vraiment libre de réaliser quasiment ce que tu veux.
Oui, on les côtoie sur des évènements. C’est cool on a croisé des gars comme Tom Pagès ou des surfeurs. On remarque qu’on est finalement un peu tous pareil, des vrais passionnés.
Non j’en ai pas un, j’en ai peut-être dix. En fait, on a eu la chance de réaliser des projets très sympa, c’est impossible d’en choisir un, car ils sont tous différents. Par exemple, sauter de la Burj Khalifa c’était un truc de fou, sauter au-dessus du Mont-Blanc c’était aussi dingue, mais cela n’avait rien à voir. On a donc une palette mémorable qu’on n’oubliera jamais. Et puis ce n’est pas que des projets vidéo, cela peut être aussi un saut entre potes. Par exemple, celui en Haute-Savoie avec un décor ahurissant, on a du marcher pendant 6 heures pour atteindre la falaise, c’était magnifique.
Oui c’était à l’âge de 10 ans avec mon père. Je viens d’une famille de parachutistes. Tous les week-ends quand j’étais gamin on était dans des centres de para et on regardait les mecs sauter. Ma mère pratiquait également, elle a même terminé championne de France junior. J’ai grandi dans le milieu, j’attendais qu’une chose : que ce soit mon tour. J’ai vraiment tripé et je n’ai plus jamais arrêté.
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