Comme de nombreuses Républiques du Caucase sujettes à l’Union Soviétique d’abord, puis à la Fédération de Russie, le Daghestan aura tenté quelques percées vers l’indépendance, notamment en 1999. À ce moment, dans l’ombre du président Yeltsine, le directeur de la sécurité intérieure n’est autre qu’un certain Vladimir Poutine. Vous l’imaginez alors, les maigres espoirs Daghestanais seront réprimés avec la douceur habituelle du nouvel homme de fer : dans le sang et les bombes. Devenu Premier ministre puis Président, DJ Vladi-P ne relâchera plus jamais sa poigne sur cette région sensible, les laissant à la limite de la guerre civile sur les décennies qui suivirent.
Pour Abdulmanap Nurmagomedov, l’homme ayant enfanté un aigle, cette atmosphère de conflit constant à l’ombre d’une guerre potentielle aura sans aucun doute eu un impact psychologique sur ses enfants. Et comment nier que dans un pays où la menace d’un soulèvement meurtrier est quasiment palpable, le développement psychologique et psychique d’un enfant le poussera à acquérir une résistance mentale absolument hors du commun. Des mots de Khabib lui-même « on a grandi dans des conditions tellement dures dans les montagnes que ça nous a forgés. »
Parce qu’être « hors du commun », dans l’entreprise familiale de décapage de vertèbres Nurmagomedov & Fils ça n’est pas un rêve lointain, c’est un mode de vie. Entraîné par son père à la lutte dès l’âge de 6 ans, Khabib vit dans la même maison que ses frère, sœurs, cousins et cousines. Il se bat dans la rue et ne recule devant rien pour se faire une place en appliquant intrépidement la loi du « gourdin et des crocs » chère à Jack London. Mais Abdulmanap, aka l’homme de pierre, lui recadrera vite les priorités, l’initiant à toutes les disciplines nécessaires à ses yeux pour faire de lui l’élite parmi les combattants d’élite ; lutte freestyle, Judo, Sambo et Combat Sambo, le dernier ferme la porte.
Pour leur développer des carcasses de requin blanc, il ira même jusqu’à faire s’entraîner ses fils… avec des ours.
Vous avez bien lu. Des putains d’OURS. Sans muselière.
Alors non, ce n’est pas un ours sauvage et ils semblent s’amuser ensemble plus que se battre pour leur survie. Néanmoins on reste en présence d’un monstre parmi les plus puissants de tout le règne animal, et Khabib se la mettait avec alors qu’au même âge chez nous on se cassait quasiment une clavicule en dosant mal un rototo.
Vous avez peur de laisser vos gamins faire les guignols avec un chat un peu tendu ? Essayez un Ours.
Mais résumer les méthodes d’entraînements d’Abdulmanap à ça serait de la malhonnêteté intellectuelle, pas de ça ici par Toutatis. Parce que si cet homme est aujourd’hui considéré comme le père du MMA au Daghestan, s’il a produit plus de 20 champions de Combat Sambo et si 4 de ses combattants se sont déneigé un chemin vers l’UFC, ça ne peut difficilement n’être que le fruit du hasard.
Lui-même ancien Judoka sélectionné dans l’équipe nationale en Ukraine, il y est devenu champion en Judo, en Lutte et en Sambo. Ayant passé quelques-unes de ses jeunes années à l’armée, il développa sa méthode d’entraînement en utilisant comme pilier le concept de « discipline ou châtiment ».
Khabib l’avoue, « il y avait beaucoup de punitions. Lorsque je disais à mon père que je ne voulais pas étudier, il me punissait. Quand il m’expliquait avec des mots, ça n’avait pas de sens pour moi. Avec les poings je comprenais immédiatement. »
Si on peut discuter du bien-fondé de ces pratiques, probablement jugées barbares dans nos sociétés occidentales moralisatrices et bien pensantes, c’est au Daghestan la manière classique de fonctionner si l’on en croit l’entourage de Khabib. Et quoiqu’on en dise, elles auront en tout cas eu le mérite de produire des combattants et des êtres humains à la volonté et à la force de caractère exceptionnelles.
Les Roses sont rouges,
Les violettes sont bleues,
Un Daghestanais façon Abdulmanap,
Poncera ton crâne jusqu’au système nerveux.
-Proverbe millénaire du Causase
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Supervisé par son père, entraineur et mentor, Khabib deviendra ceinture noire de Judo, Master of Sambo, deux fois Champion de Russie de Combat Sambo et deux fois Champion du monde de Sambo. Et en 2008, après avoir convaincu son père de le laisser tenter le MMA, il fait enfin son premier combat. Le triangle sera sécurisé en moins de 3 minutes. Khabib se relèvera pour aller directement voir son père et le narguer gentiment : « tu en doutais ? ». Ça fera sourire Abdulmanap, événement en lui même aussi rare que les éclipses de soleil ou les parties de GTA sans écraser un piéton.
Non, plus personne ne doute. En fait, personne ne peut plus grand-chose une fois enfermé dans la même cage que l’Aigle du Daghestan. Car si il est communément admis qu’il n’est pas le meilleur striker de sa catégorie, dans le monde du MMA professionnel pas un seul être humain n’a encore été capable d’arrêter les avalanches de takedowns ni d’endiguer l’agressivité de Khabib « the Eagle » Nurmagomedov.
S’il fût baptisé « Lightweight Cain » (Cain Velasquez – NDLR) par ses pairs, ce n’est pas parce qu’il a la bedaine d’un patron du narcotrafic et le tatouage borderline suprématiste de l’ancien Champion poids lourd et légende du game ; c’est bien parce qu’il adopte son style de combat. Un style d’avancée constante presque maladive pour ne jamais laisser respirer l’adversaire et faire naître en lui un sentiment de panique, d’impuissance voire d’abandon. Il avance en menaçant avec son pied-poing travaillé au Combat Sambo, et va inlassablement, durant toute la durée d’un combat (et son cardio ne le lâche jamais, big up Papounet) attraper, se jeter dans les jambes, saisir la taille et coller ses adversaires pour les emmener faire un tour au sol et jouer avec eux comme on s’amuserait avec un enfant de 8 ans (non-Daghestanais bien sûr).
C’est la première fois dans l’ère moderne à l’UFC qu’un combattant domine, manipule, out-grapple (prendre l’avantage en grappling) et out-wrestle (prendre l’avantage en… bon enfin, merde vous avez compris) avec autant de facilité tous ses adversaires. On ne lui aura pourtant pas refilé les derniers des télétubbitch non plus : Rafael Dos Anjos, serpillé. L’énorme Gleison Tibau, torpillé. Michael Johnson ? Attendez il faut quand même qu’on parle de ça en scred…
Pour vous donner une idée du niveau de domination de Khabib face à Johnson, alors #6 mondial, sachez ceci : PENDANT le combat, Khabib aura parlé à Michael Johnson en même temps qu’il lui labourait le crâne pour lui demander d’abandonner et lui expliquer la situation, à base de « je vais combattre pour le titre, je le mérite. Tu dois abandonner ». Mais il poussa même la ballade jusqu’à se tourner à l’entre round vers Dana White le président de l’UFC, pour le prévenir à travers la cage qu’il allait « défoncer son fiston », comprenez Conor McGregor. Il était en train de réfléchir aux prochains combats AU BEAU MILIEU d’un autre. C’est du délire absolu. Une confiance, un calme et une lucidité alors qu’il est en train de prendre part à une des disciplines les plus violentes et impardonnables au monde. Absolument terrifiant.
Avant qu’il ne signe son contrat en 2012, chez lui on tenait alors comme quasi impossible de rentrer dans l’organisation phare Américaine, la faute à une Russophobie qu’il était difficile de démentir au vu de l’incompréhensible faiblesse du contingent slave de l’époque. Il aura donc eu lors de ses premières apparitions toute la pression de servir, aux yeux de l’UFC, d’indicateur du niveau du MMA Russe dans son ensemble.
Après son succès, ce sera d’ailleurs comme si un barrage avait cédé tant le nombre de combattants russes qui signeront pour le rejoindre crût (du verbe « croitre ». Ça nous fait aussi bizarre de l’écrire que probablement vous de le lire, mais ici autant vous dire qu’on tient Molière en gorge profonde, deal with it).
Pour finir, une phrase de l’Aigle du Caucase. Une phrase qui ressemble beaucoup à celle prononcée par son « arch-enemy », un certain Conor McGregor, mais qui étant donné leur background respectif et la sortie de route psychologique de l’Irlandais lors de son premier combat contre Nate Diaz, fait beaucoup plus sens maintenant que l’on sait d’où vient Khabib et qui il est :
« Il y a des moments qui pèsent, des moments lourds où tu fais le choix d’abandonner ou pas. C’est à ce moment précis que se montrent les vrais champions. »
Pour ceux qui restent sur leur faim, on avait aussi, à propos de Tony Ferguson, « je vais casser son visage et lui apprendre le respect ».
L’Aigle Imperial a plongé de son perchoir, et il a la langue aussi affûtée que les serres. Alors du loup au renard en passant par la belette, je connais quelques mammifères qui feraient bien de s’inventer fissa un mot d’absence sur les trois décennies à venir.
Un autre lutteur droitier qui balance des overhands grossiers.
McGregor le mettra KO en 2 rounds max. On l a déjà vu ce combat. Mendes Alvarez… Et Khabib n a affronté que des bidons à part RDA qui n était pas RDA à ce moment là.
Bref.
Ferguson McGregor serait bcp plus intéressant.
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