Y’a des signes comme ça qui te montrent que t’es un tout petit peu béni. Mais juste un tout petit peu. A force de travail et d’abnégation, Rafael Nadal est devenu ce qu’il est maintenant : une légende. Il l’a prouvé encore une fois sur ces deux dernières semaines, mais cette fois avec un peu d’aide. Pour gagner son seizième grand chelem, son troisième à l’US Open, il n’aura battu au maximum qu’un top 30 du classement ATP.

Cela faisait 35 ans qu’un joueur n’avait pas remporté un Grand Chelem sans avoir à affronter un membre du Top 20. Concernant l’US Open, on n’avait jamais vu un lauréat s’imposer sans battre un membre du Top 10. Cela ne minimise pas la performance de Rafael Nadal, mais forcément, le prestige lié à ce tournoi en prend un sacré coup. Ce n’est bien évidemment pas imputable à Nadal, au contraire. Le Majorquin a été le seul à tenir son rang. Retour sur son seizième titre du Grand Chelem.

7 matchs, 7 victoires, 3 sets concédés. Au tableau des battus : Lajovic (#85), Daniel (#121), Mayer (#59), Dolgopolov (#64), Rublev (#53), Del Potro (#28) et Anderson (#32). Rafael Nadal a donc vécu un tableau tranquille digne d’un tournoi ATP250. Cela pourrait être une vanne, mais malheureusement, ça ne l’est pas. On peut toujours débattre du niveau réel de Juan Martin Del Potro et de Kevin Anderson, toujours est-il, ils ne sont pas membres du Top 20 et encore moins du Top 10. Rafael Nadal a tout de même eu le temps de monter en puissance. Auteur d’un début de tableau « hésitant » en termes de jeu, l’espagnol a comme d’habitude serré les boulons pour arriver au Graal. On a donc connu le vrai Nadal, l’impitoyable, qu’en huitième face à Dolgopolov. 6/2 6/4 6/1 en mode éclair. Idem face au jeune Rublev, 6/1 6/2 6/2. 3 heures et 18 minutes en deux matchs pour préparer sa demie tant annoncée et attendue face à Roger Federer ! On en parle de ce match face à Roger ou pas ? Bah non, on n’en parle pas, parce que Jean Martin de la Poutre est venu s’intercaler entre l’espagnol et le suisse en dominant Roger Federer en quatre sets. Vexé de ne pas affronter son éternel rival, Nadal détruit Del Potro à partir du second set de leur match et s’envole vers une finale… qu’il survole.

https://www.youtube.com/watch?v=4N3LxgEr_RE

S’il y a des jours comme ça où tout va, où l’on se sent béni, il y a aussi des jours où pas grand-chose ne va. Kevin Anderson peut désormais témoigner puisque sa finale face au taureau espagnol a été à sens unique. 6/3 6/3 6/4, vous me direz, ce n’est pas une grande branlée. Ah non, c’est sûr, mais la domination de Nadal était totale. Physique, technique, tactique, tout ce que vous voulez. Alors oui, Kevin Anderson a eu du mal avec son jeu de jambes. Et quand tu es du type cogneur, si tu es mal placé, tu vas vite te rendre compte qu’il y a un problème. Et par-dessus tout, Rafael Nadal a gommé tous ses défauts. Avant on disait « pour battre Rafa, il faut insister sur son revers ». Aujourd’hui tu peux tenter, il te fracassera avec des revers courts croisés et une variation qui t’obligera à choisir une autre option. Avant on disait « tu as peut-être une chance de lui faire mal si tu l’attires à la volée ». Hier, Rafael Nadal a réussi 16 volées sur… 16. Dont une pour scellé le match. Extraterrestre…

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Si vous n’êtes pas convaincus, voici un petit florilège de statistiques :

  • 15 points perdus sur son service
  • 84% de points gagnés derrière sa première balle, 70% sur sa deuxième balle (Anderson culmine à 36%…).
  • 4 balles de breaks converties sur 9
  • 16 points gagnés à la volée sur 16 tentatives (100%)
  • 11 fautes directes…
  • 30 points gagnants

« Mentally, this guy is a fortress » conclut Robbie Koenig. Car oui Nadal n’a pas craqué au moment de servir pour le gain du titre. Titre que toute la presse voyait atterrir dans les mains de Roger Federer qui aurait pris par la même occasion la première place mondiale. Une victoire, une joie dissimulée et un message de soutien prononcé envers les victimes des séismes et ouragans qui frappent l’Amérique pendant son discours. Une victoire qui paraît quasiment anodine pour lui, pourtant il n’avait pas gagné sur dur depuis trois ans et demi et le tournoi de Doha. 34 tournois, 8 finales perdues consécutives et la « malédiction » Nadal s’envole avec un seizième titre en Grand Chelem.

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Tags US Open

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