Roland-Garros, c’est quinze jours pendant lesquels on a soudainement envie de se remettre au sport, d’envoyer des coups droits sur la ligne et où on se prend à rêver de remplacer Rafael Nadal un jour de match sur le court Philippe Chartier. C’est aussi un peu le début des vacances, les terrains ocre sont étroitement liés au soleil et à la chaleur estivale dans nos esprits.

Bref, une grosse dose de plaisir pour tout le monde en direct sur les chaînes publiques : des belles victoires, des aces, des amortis, des lobs, des stars dans les gradins. Malheureusement, c’est aussi le moment où la faiblesse du tennis français est la plus visible. Il suffit de revenir dix ans en arrière pour s’en rendre compte.

Ils ont aujourd’hui la trentaine, et continuent de nous faire rêver, on a toujours plaisir à les voir jouer et on les supportera jusqu’au dernier match, mais le public français s’est fait une raison : ils ne seront jamais les grands champions tant attendus ! C’est bon, vous l’avez deviné, je parle évidemment de Richard Gasquet, Gaël Monfils, Jo-Wilfried Tsonga et Gilles Simon.

À l’heure où j’écris ces lignes, deux d’entre eux sont déjà éliminés du tournoi parisien. Pourtant, retournez sur Google et cherchez les articles qui datent de la fin des années 2000 : « Gaël Monfils, la perle que la France attendait », Richard Gasquet « le petit Mozart du tennis » et j’en passe.

Dix ans plus tard, voilà le bilan que l’on peut dresser. Ils comptent ensemble 47 titres en tournoi, 5 quarts de finale, 6 demi-finales et 1 finale en Grand Chelem, et surtout deux finales de Coupe Davis perdues en 2010 et 2014. Vu comme ça, le bilan est bon, même excellent. Évidemment, il l’est, mais nous ce qu’on attendait d’eux, ce n’était pas une déjà très belle cinq ou sixième place au classement ATP, mais des victoires en Grand Chelem et surtout le Graal : une victoire à Roland Garros !

https://youtu.be/up3xDiqBi0E

Oui, c’est vrai cette génération va bientôt raccrocher la raquette. Les pépins physiques, la nouvelle vie de famille de Jo sont autant d’indices qui nous permettent de confirmer cette idée. À ce moment-là, il sera temps de remercier ces quatre géants du sport français.  Mais pour l’instant, la seule chose qui compte c’est la victoire et surtout l’envie sur le terrain. Alors, acceptez qu’on vous en veuille un peu de perdre dès le premier tour de Roland-Garros.

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Quelles sont les raisons de ce sentiment ambivalent lorsqu’il s’agit de parler du tennis français ?

La première se résume en quatre noms : Federer, Nadal, Djokovic et Murray. Pas de bol, nos quatre Français sont nés sensiblement au même moment que ces quatre monstres du tennis, qui ne laissent aucune miette à leurs adversaires. On entend souvent que les joueurs français se sont bien défendus face à ceux-là ; c’est vrai, ils ont fait mieux que résister, mais 95% du temps cela n’a pas suffi. Le sport de haut niveau se joue à rien, et c’est ce « rien » qui a toujours manqué à cette génération.

La transition vers la seconde raison est alors toute trouvée : si la presse et le public sont aussi durs avec les quatre noms que j’ai cités plus haut, c’est parce qu’on sait qu’ils étaient et qu’ils sont capables de gagner les plus grands tournois et de nous faire vivre les plus belles émotions. Les attentes du public français sont hautes, mais elles témoignent d’un profond respect et d’un attachement naturel pour cette génération si particulière. Un jour, on a envie de vous prendre dans nos bras, et le lendemain de vous secouer – ce n’est pas facile la vie de supporter !

La dernière raison que je souhaite aborder tient en un seul tournoi : la Coupe Davis. Deux fois en moins de cinq ans, cette Coupe nous est passée sous le nez. Et encore une fois, c’est à cause d’abord de « Nole » alias Novak Djokovic, puis de Roger Federer que le rêve s’est brisé alors que le plus dur était fait. C’est sympa d’avoir laissé ces deux légendes parfaire leurs palmarès, mais ces souvenirs nous restent coincés au milieu de la gorge. Je me permets d’écrire « nous », parce que la Coupe Davis a ce petit truc en plus qui regroupe derrière l’équipe de France tous les supporters le temps d’un week-end.

Vous l’avez compris, même si je suis déçu de ne pas avoir vu l’un d’entre vous soulever un trophée un dimanche de juin vers la Porte d’Auteuil, je prends le risque de parler pour tous les supporters en disant que vous nous avez quand même bien fait rêver et qu’on espère que ça va continuer le plus longtemps possible.

En plus, il reste pour deux d’entre vous, une chance de tous nous contredire d’ici la fin du tournoi 2017… À dimanche prochain ! Par Maxime G.

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