Chaque semaine, La Sueur vous dresse deux classements sur les joueurs susceptibles de s’imposer à ou de créer des surprises à Roland Garros. Cette semaine, au Masters 1000 de Madrid, un séisme a frappé la planète tennis.

TOP 5 « ILS NOUS ONT FAIT KIFFER »

Numéro 5, Gael Monfils : « Moi, je peux marcher sur l’eau pendant une heure et demie ». Avant son match face à Rafael Nadal au second tour, Gaël Monfils s’affichait pas confiant et admiratif du jeu de l’espagnol, mais aussi serein, car conscient qu’il peut battre n’importe qui dans un bon jour. Bon, ce jour là n’est pas arrivé : la Monf’ a pris un violent 6/3 6/1. Pourquoi est-il dans ce classement ? Parce qu’il nous fait toujours autant rêver sur un court : amortie no-look, discussion les jambes croisées avec le premier rang au changement de côté pour savoir comment faire pour battre Nadal, marmites coup droit qui finissent dans la bâche, enfin bref, « Monfils gonna Monfils ».

Numéro 4, Kyle Edmund : Le Britannique a surpris son monde à Madrid. Pourtant doté d’un physique un peu pataud pas très compatible avec le jeu sur terre battue, Kyle Edmund a sorti un sacré tournoi en renvoyant chez eux Medvedev, Djokovic et Goffin avant de s’incliner face à Denis Shapovalov en quarts. Le Britannique 22e mondial redonne de l’élan à sa saison après sa demie à l’Open d’Australie, mais surtout ses deux premiers tours perdus à Indian Wells et Miami.

Numéro 3, Kevin Anderson : Lui aussi est un peu pataud du haut de ses 2m03. Pourtant, qu’est ce qu’il se déplace bien… Et ça fait la différence : Kevin Anderson continue sur sa très bonne lancée en atteignant cette semaine une demi-finale de Masters 1000 à Madrid, sa première en carrière. Même s’il n’est pas hyper sexy à voir jouer, Kevin Anderson coche toutes les cases pour réussir sur cette surface : bon déplacement, puissance et une régularité à toute épreuve. Ajoutez sa hauteur et son service qui lui permettent de se mettre immédiatement dans de bonnes conditions, et vous obtenez un joueur difficile à battre. Bien sûr, celui qui a mis un terme à son parcours est autrichien, mais on vous en parlera un peu plus tard…

Numéro 2, Dusan Lajovic : Vous vous souvenez, en septembre dernier, quand Lucas Pouille perdait son match de simple en Coupe Davis face à Dusan Lajovic ? Vous vous souvenez quand on se foutait de la gueule d’un Lucas Pouille à l’agonie, en train de se faire rouler dessus par un serbe inconnu du grand public, et 80e mondial ? Cette semaine, Dusan Lajovic a prouvé qu’il pouvait jouer à ce niveau-là quand il le voulait. A Madrid, il a passé les deux tours de qualification avant de démembrer Karen Khachanov (38e, 6/3 6/2), d’éteindre Gasquet lors des tie-breaks (7/6 7/6), ne lui laissant qu’un point à chaque fois et de battre Juan Martin Del Potro (3/6 6/4 7/6) en quarts. Cramé, il s’est ensuite incliné face à Kevin Anderson. L’important est la chose suivante : Lajovic ressemble sur certaines séquences à un Stanislaw Wawrinka en plus athlétique, et ça, ça fait un peu peur.

Numéro 1, Denis Shapovalov : « Ouais Shapovalov c’est un crack, mais il n’a gagné qu’un match sur terre battue dans sa carrière. Surcoté. Gna gna gna » et bam, une demie à Madrid pour fermer des bouches. Il faut que ce garçon reste en bonne santé toute sa carrière, parce qu’il nous montre des trucs incroyables à tout juste 19 piges. Si tout va bien, on a encore une quinzaine d’années de violence des deux côtés du terrain, de courses folles et de gestes d’une amplitude magnifique. Ce gars est un albatros. Personnellement, je signe direct. Cette semaine, le Canadien a donc atteint en éliminant Sandgren (58e) puis Paire (50e) dans un match ouf, Raonic (24e) et Edmund (22e) avant de prendre correction face à Alexander Zverev. L’essentiel est là, Shapovalov a montré à tout le monde que peu importe la surface, il risque d’en embêter plus d’un dans le futur.

TOP 5 « ILS PEUVENT GAGNER ROLAND GARROS »

Numéro 5, David Goffin (-) : Vieille défaite toute pétée face à Kyle Edmund, David Goffin semblait ne pas être concerné sur le terrain. Une victoire face à Haase au premier tour, un deuxième tour expédié (6/3 6/3) et puis s’en va, rien à signaler.

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Numéro 4, Kei Nishikori (-2) : Chute au classement logique pour Nishikori qui n’a pas su confirmer son très bon parcours à Monte-Carlo. Après un abandon il y a deux semaines à Barcelone, Kei retrouvait le circuit à Madrid avec au premier tour un choc énorme face à Novak Djokovic. Dans ce duel dédié aux retours compliqués et aux services en carton, c’est Djoko qui a pris le dessus, clouant ainsi Kei Nishikori au premier tour. Chute logique, donc.

Numéro 3, Alexander Zverev (+1) : Discrètement, l’allemand fait une (très) bonne saison de préparation à Roland Garros. Discrètement, car jusqu’ici, on a que très peu parlé de lui. Après sa demie à Monte-Carlo, il a fait le choix de ne pas participer à Barcelone, pourtant plus côté que le tournoi de Munich auquel il a pris part. Sa victoire là bas n’a pas fait de bruit et il s’est donc rendu à Madrid quasiment sur la pointe des pieds par rapport à son statut de numéro 3 mondial. Et là, le cassage de cul commence : Donskoy, Mayer, Isner, Shapovalov se sont tous fait sortir en deux sets par un Zverev expéditif. Il a ensuite ponctué un tournoi parfait en ne laissant aucune chance au pauvre Dominic Thiem (6/4 6/4), qui attendra encore un peu pour remporter un Masters 1000. 21 ans, troisième Masters 1000 en carrière, pfiou. Désormais, pour la discrétion, c’est cramé, il sera doublement attendu à Rome en tant que tenant du titre, mais aussi en tant qu’homme en forme du moment.

Numéro 2, Dominic Thiem (+1) : L’homme de la semaine, quoi qu’on dise, c’est lui. On disait la semaine dernière qu’il paraissait cramé. Lui-même disait qu’il était loin de gagner quoique ce soit après son début de saison moyen. Après sa performance face à Nadal en quart de finale, on peut affirmer que vraisemblablement, ce n’est pas le cas. Alors oui, il foire sa finale, et encore c’est un euphémisme. Mais son parcours jusque là était parfait : il a tout de même éliminé Delbonis (78e), un très bon Coric (35e), Anderson (8e) dont on a parlé, mais surtout Rafael Nadal, en deux sets. C’est grâce à cela qu’il se retrouve en deuxième position, il est le seul à avoir fait chuter le roi !

Numéro 1, Rafael Nadal (-) : OYE OYE ! RAFA NADAL A PERDU UN SET. PIRE ! RAFA NADAL A PERDU UN MATCH. La faute à un gigantesque Dominic Thiem en quart de finale. Ici s’arrête donc sa série incroyable et record de 50 sets consécutifs remportés sur une même surface. Il faut dire que Madrid ne lui réussit pas autant que les autres tournois : depuis que le tournoi se joue sur terre (2009), Nadal n’a remporté le tournoi « que » 4 fois pour 10 participations. Ce ratio de 40% de victoire finale contraste avec ses 53,8% à Rome, 73,3% à Monte-Carlo ou ses 76,9% à Roland Garros. Comment l’expliquer ? Difficile à dire, plusieurs paramètres peuvent rentrer en compte, comme l’altitude élevée de Madrid (650 mètres au-dessus du niveau de la mer). Ouais c’est un argument totalement pété ouais, mais il faut essayer d’expliquer un truc inexplicable, alors… Malgré cette défaite, Nadal reste bien évidemment le favori pour Roland Garros. Rappelons que Paris se situe à 35 mètres au-dessus du niveau de la mer, Rafa Nadal devrait toujours rouler sur ses adversaires.

Un trio se détache largement dans la course au Graal sur terre battue. Zverev et Thiem vont se battre pour titiller le roi Nadal à Paris. Le roi a vacillé à Madrid, reste à savoir si les outsiders pourront une nouvelle fois mettre à mal Nadal lors du dernier Masters 1000 sur terre battue à Rome.

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