La suite et fin de notre reportage sur l’un des plus grands combattants du 21ème siècle, Fedor Emelianenko.

Les 3 revers successifs sur lesquels nous avons quitté Fjodor (c’est comme ça qu’il se nomme lui même) ont donné du grain à moudre à ses détracteurs, qui ont toujours mis en avant le fait qu’il n’a jamais combattu à l’UFC (la plus grosse organisation actuelle).

Si les shows Japonais ont tendance à privilégier les rencontres ultra-spectaculaires et les physiques parfois monstrueux, la qualité des combattants au plus haut niveau était tout sauf factice. A l’époque ou le Pride officiait et régnait en maitre, vers les années 2004-2005, les combattants au rangs les plus élevés au pride étaient les meilleurs au monde dans leurs catégories. Il suffit de voir ce qu’ont donné les stars du Pride passées à l’UFC lorsque l’organisation Japonaise à coulé, Shogun, Rampage, Anderson Silva, Werdum et Minautauro sont devenus champions et sont encore présents dans le circuit en 2015, tout comme le sont dans d’autres organisations de classes mondiales des pointures comme le « Tigre de Sibérie » Sergei Kharitonov ou Shinya Aoki.

Mais sans même aller jusqu’à faire une analyse des différentes organisations et des systèmes de classements de l’époque, la seule analyse technique de l’arsenal unique et terrifiant que possède Fedor suffit à lui donner une instantanée légitimité. Une rapidité et une fluidité dans les enchainements debout impressionnante, un incroyable sens du timing en transition et un contrôle des positions au sol digne des meilleurs lutteurs, sans oublier sa contribution à l’évolution du Ground and Pound (la matraquage une fois dans la garde au sol de son adversaire).

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Néanmoins le MMA progresse à une vitesse vertigineuse et face à des monstres comme Jon Jones ou Jose Aldo les paramètres ne sont plus les mêmes qu’il y a dix ans, le sport est en perpétuelle évolution et remise en question. Aujourd’hui la palette technique de Fedor paraît désuète en comparaison avec la puissance athlétique et la créativité sans limite d’un Jon Jones ou d’un Conor McGregor. Mais replacé dans le contexte des années 2000 Fedor était un pionnier, par sa complétion dans tous les domaines, de ce qu’est le MMA moderne, il aura fait avancer le sport à pas de géants à la manière de Royce Gracie faisant découvrir à des kickboxeurs et de simples lutteurs le sens de « étranglement sanguin jusqu’à ce que tu rejoignes le pays des rêves » à l’UFC 1.

La mystique découle de l’inconnu et c’est précisément ce qui fascine chez Fedor. Pendant longtemps on savait juste de lui qu’il s’entrainait avec un groupe de combattant dans la ville de Stary-Oskol. Personne ne savait pas ce qu’il faisait ni comment il le faisait, tout ce qu’on savait c’est que ça marchait sacrément bien. Et n’essayez pas de chercher des indices dans les interviews qu’il donne, c’est un véritable personnage de western. Un assassin de peu de mots tout droit sorti de l’esprit d’un Sergio Leone mélangé à un véritable Chevalier au code d’honneur et aux croyances bien définies. Chrétien Orthodoxe et patriote, Fedor est un homme de dieu et et c’est peu de le dire. Il écoute des chants religieux, ne va nulle part sans sa croix et les différentes messes rythment sa vie de tous les jours. C’est ce qui façonne sa vision du monde. Il ne se passe généralement pas une interview sans qu’il ne se réfère à dieu ou son pays. Il est en quelque sorte la quintessence de ce que serait un être humain débarrassé de tout égo, ce qui est en nous tous et qui fait qu’on est l’espèce la plus répugnante du système solaire. Si la religion et le patriotisme n’ont probablement rien à voir avec la personnalité qu’il s’est façonné -il n’y a qu’à voir les hordes de prêtres barbus et déguisés en Merlin l’Enchanteur qui sautent le congratuler dans la cage et qui ne peuvent pas s’empêcher de saluer la caméra pour faire du « air time » – ils lui auront en tout cas donné une direction à suivre qui semble ne pouvoir être que bénéfique pour les gens qui le suivent. Il est un exemple pour des générations de fans et les histoires qui mettent en avant sa gentillesse et sa générosité sont aussi nombreuses que légendaires sur le net.

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Il ne parle pas beaucoup, sourit encore moins, mais quand il l’ouvre généralement c’est du « golden standard ». A la Russe tout simplement. C’est ainsi qu’on peut apprendre dans ses réponses qu’il aime beaucoup jouer de l’accordéon (si si), les échecs et faire des balades dans la natures avec ses filles. Il dessine de temps en temps et aime bien être avec sa famille. Voilà. C’est à peu près tout ce qu’on sait et qu’il répète inlassablement quand on lui demande de parler de ses activités hors du combat. On s’attendrait presque à ce qu’il nous révèle une passion pour les fleurs en plastique de maison de retraite.

On est pas exactement au niveau de sophistication d’un Tyson possédant des tigres, avalant des briques de coke avant ses combats et achetant des appartements dans lesquels il entassait ses contacts de sexes féminin pour pouvoir, quand il lui en prenait l’envie, aller y faire un tour et mettre des coups de boutoirs jusqu’à plus soif.

Fedor est d’un calme Olympien en toutes circonstances, d’où la premiere partie amenant la possibilité d’une condition psychologique, ce qui lui a valu à ses début le doux sobriquet de « Cyborg ». A tel point que le voir partir dans un éclat de rire ou un accès de colère est une perle aussi rare à trouver qu’un politicien intègre à Washington. Cette facette du personnage se traduit dans son style de combat, extrêmement détendue et réfléchie. Il donne l’impression que tout est sous contrôle, c’est cette relaxation qui lui permet une telle fluidité de mouvement et une minimisation optimale du déchet technique. Il avancera inexorablement avec en tête toutes les données dont il a besoin pour réagir de façon adaptée quelle que soit la situation qui se présente. Georges St Pierre (Canadien et plus grand champion Welterweight de l’histoire de l’UFC) disait à propos de ses compétences « je suis champion pas parce que je suis le meilleur athlète, mais parce que je prends la bonne décision au bon moment ». Le désastreux accent Québécois en moins, on est sur une approche similaire. De l’aveu même de son coach de lutte qui l’a formé et entrainé, Fedor n’était pas le plus talentueux des gamins de son âge mais il n’abandonnait jamais et s’entrainait plus que tout le monde. Alors bien sûr avec une citation pareille on peut sortir les violons et embaucher Russell Crowe pour nous faire vibrer les glandes lacrymales, mais ça reste intéressant du point de vue de l’étude des cas de sportifs aux performances extrêmes.

Enfin Fedor sait aussi s’amuser. Et étant en capacité de schtroumpfer tout ce qui respire sur cette planète si il lui en prenait l’envie, il se permet même de tester ses blagues d’un autre âge sur un public à première vue pas nécessairement réceptif; des Russe 120 kilos aux épaules de marins-pêcheurs et à la patience relative.

Tout ça pour vous dire que si jamais vous le croisez avec sa petite famille, évitez de mettre une balayette à une de ses filles pour faire marrer les copains. Parce qu’avec des potes comme Vladimir Poutine, Ernesto Hoost, Jason Statham et un pedigree pareil, ce sera comme se prendre simultanément une division blindée Allemande de la Seconde Guerre Mondiale, le gang de Pablo Escobar et l’équipe de football américain du Minnesota sur les 60 centimètres carrés que constituent approximativement la ligne de votre mâchoire.

9bca5b52b15c6b825703c31c7a906f5c_crop_northAllez, до свидания tout le monde !

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