La Suisse, une nation de tennis qui atteint son apogée ces dernières années. Ça a commencé avec Jakob Hlasek et Manuela Maleeva dans les années 80, puis on a connu Marc Rosset, numéro 9 mondial en 1995, et on a vécu un début de gloire avec Patty Schnyder, mais surtout Martina Hingis.

La domination de ce pays se confirme aujourd’hui : Timea Bacsinszky, Belinda Bencic, Stanislas Wawrinka et Roger Federer, ça a de la gueule non ? Vous avez donc deviné : le tennis suisse vit de très belles années, et ce depuis 30 ans. Une longévité étonnante pour un aussi « petit » pays. Leurs résultats sont excellents depuis ces 3 dernières années, et parfois, même aux dépens du tennis français….

LE DRAME : COUPE DAVIS 2014

« Daaaaaaaviiiiiiis, ton univers impitoyable » crierait Benoit Maylin. Impitoyable, oui. Remember novembre 2014, finale de la Coupe Davis entre la France et la Suisse, en France au Stade Pierre Mauroy de Lille. Tout était réuni pour voir la France battre la Suisse et s’adjuger sa 10e Coupe Davis. Quelques mois auparavant, rappelons-le, l’équipe de France de football avait giflé la Suisse à la Coupe du Monde, 5-2. Le chemin était tout tracé pour nos tennismen, il fallait faire ce qu’avaient fait les footeux. Le problème c’est que le tennis Suisse, ce n’est pas Gijon, ce n’est pas Valladolid. Dans la Team Suisse, Roger Federer : 17 titres du Grand-Chelem à l’époque, médaillé d’or en double avec Stanislas Wawrinka, étincelant en 2014 avec au compteur l’Open d’Australie, son premier grand-chelem, et le Masters 1000 de Monte-Carlo. Ces deux joueurs sont parvenus à maltraiter l’équipe de France, composée globalement de Richard Gasquet, Jo-Wilifried Tsonga, et de Gaël Monfils. Si l’on regarde les résultats aujourd’hui, on se dirait que tout est logique. Mais en 2014, rien ne l’est : Roger Federer est très bon, mais il n’est plus le grand Roger, ultra dominateur. Stanislas Wawrinka vient à peine d’éclore au très haut niveau malgré son âge « avancé » et reste encore très irrégulier. Côté français, Tsonga a gagné le Masters 1000 à Toronto. Gaël Monfils reste celui qu’on connaît encore : des résultats en dents de scie, mais avec tout de même deux quarts de finale importants à Roland et à l’US Open. Richard Gasquet, quant à lui, se blesse à répétition et ne brille pas en 2014. L’équipe est aussi composée de Julien Benneteau, spécialiste du double. Les forces sont donc équilibrées.

Mais on connait la suite : Tsonga perd dans un match décevant face à Wawrinka, Monfils atomise Roger Federer (oui oui, 6/1 6/4 6/3). 1 partout. Le lendemain : le double, quasi-décisif. Tsonga est retiré de la feuille de match dans des conditions douteuses, et Benneteau est finalement appelé pour jouer. Pas suffisant, la paire Wawrinka-Federer, emmené par un Wawrinka étincelant, remporte la deuxième manche. 3e et dernier jour : Richard Gasquet ne peut rien faire et se fait démonter sur place par Stanislas Wawrinka, qui confirme qu’il allait donc devenir une véritable bête.

S’en suivent des embrouilles entre Wawrinka et le clan français : la guéguerre a commencé en janvier 2014, après la victoire de Stan « The Man » à l’Open d’Australie. Jo-Wilfried Tsonga avait déclaré à l’époque que si Wawrinka l’avait fait, lui aussi pouvait le faire. Ces propos auraient touché Stanislas Wawrinka, qui se serait vengé en conférence de presse après la victoire finale de la Suisse en 2014 en chambrant légèrement les français. (« Ils avaient mis les bouteilles (NDLR – de champagne) dans le vestiaire des Français, mais ils les ont vite remises dans le nôtre ! (…) On a vu à quel point les choses pouvaient vite tourner. En début de semaine, ils avaient écrit des pages sur la crise, sur nous, sur le dos de Roger (NDLR Federer). Pour les Français, tout était parfait. Tout le monde était bien préparé et prêt à «partir à la guerre» pour reprendre leurs mots. À la fin, c’est nous qui avons parlé sur le terrain avec la raquette en main. »). Ah oui, ça pique. La team France aurait donc coincé Wawrinka dans les toilettes pour s’expliquer, même si Gaël Monfils, proche de Stan, était là pour calmer les débats.

Alors depuis ce jour odieux, probablement l’un des pires de nos vies (si si), les Suisses sont devenus nos ennemis numéro 1 ! Exit l’Angleterre au Rugby, exit l’Italie en Football, uniquement les Suisses aux tennis ! Mais cet épisode tennistique nous a aussi permis de mieux connaître nos meilleurs ennemis.

FINALEMENT, ILS NE SONT PAS SI DÉTESTABLES QUE ÇA

Car oui, difficile de détester le maître. D’un point de vue uniquement tennistique, il faudra nous expliquer comment il est possible de ne pas apprécier Roger Federer. Car le garçon a tout pour séduire sur et en dehors du court : un jeu aussi efficace qu’élégant. Comment convertir un individu indifférent face au tennis ? Si la menace physique et psychologique ne fonctionne pas, essayer juste de lui montrer une vidéo de type « highlights » de Roger Federer. Résultats garantis. Et si les highlights ne suffisent pas, il reste toujours les vidéos où Federer démontre tout son fair-play et sa joie de vivre sur les terrains. Et malgré sa responsabilité dans la défaite de l’équipe de France de Coupe Davis en 2014, force est de constater que le suisse est toujours ultra-populaire auprès des français. Absent de Roland-Garros depuis 2015, l’annonce de sa non-participation à Paris est un crève-cœur pour toute la planète tennis, et toute la planète sport. Malheureusement pour nous, il n’est pas sûr de revoir une nouvelle fois le plus grand joueur suisse de tous les temps à Roland Garros, on a donc de quoi pleurer encore un bon moment. En bref, un standard de popularité.

L’autre raison pour laquelle on trouve les suisses de plus en plus cool tient en deux mots : Stanislas Wawrinka. Avant 2014, difficile d’apprécier l’individu qu’est Stanislas Wawrinka puisqu’il n’est pas encore entré dans le très haut niveau. Difficile de le voir micro en main, ou sur les plus grands courts. Une fois ce cap passé, on a donc pu découvrir un homme extrêmement attachant. Quelqu’un qui n’a pas peur des mots, quitte à ce que cela blesse. Et c’est une bien belle qualité. Ajoutez à cela un humour rare sur le circuit ATP ainsi qu’une grande disponibilité auprès des médias, et vous obtenez un personnage qui apporte énormément de fraîcheur dans un sport peu intéressant sur le plan extrasportif.

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Et si ce n’est pas le côté extrasportif de Stan « The Man » qui vous séduit, c’est peut-être son comportement sur le terrain. Recadrage de politicien français en plein match (coucou Jean Vincent Placé), échange avec le public, mais aussi discours d’après matchs mémorables, où Stan Wawrinka traite Roger Federer de « trou du cul » (en toute amitié, bien sûr)  après sa défaite à Indian Wells cette année. Et surtout : un jeu tout en puissance qui plaît au public. Et il y a de quoi, Wawrinka a sorti des coups énormes devant le public français sur chaque derniers Roland depuis 2015. Et d’ailleurs, Wawrinka est apprécié à Roland Garros parce que non seulement le garçon joue bien, mais en plus, il parle français. Que demande le peuple ? Forcément, on apprécie. On apprécie tant que, désormais, Stanislas Wawrinka n’hésite pas à demander l’appui du public à Roland, comme s’il était chez lui ! Et d’ailleurs, il est chez lui ! Un personnage entier qui ne laisse pas indifférent.

Ces deux personnages plaisent, il n’y a aucun doute. Ils sont, en quelque sorte, les tennismen que l’on aurait rêvé de voir jouer pour l’étendard français. Car vous le savez, mis à part pour Gaël Monfils, les tennismen français n’ont pas un capital sympathie très développé. Wawrinka et Federer sont donc là pour ça. Alors que l’on pensait être tranquille en termes de capital sympathie pour les suisses avec ces deux hommes, voilà qu’une femme pointe le bout de son nez.

ENTER TIMEA BACSINSZKY

Commençons par le négatif : son nom est absolument impossible à retenir. Pour le bien de ma santé mentale, appelons là dorénavant Timea. Merci. Belle histoire pour cette femme. Prodige du tennis très tôt, Timea Bacsinszky décide de stopper le tennis pour entamer une carrière dans l’hôtellerie. Deux ans plus tard, en 2013, elle reçoit une invitation pour aller jouer les qualifications de Roland Garros. Sans s’être entraînée, elle décide d’y participer. Pour cela, elle conduit de Lausanne à Paris (oklm). Malheureusement pour elle, son tableau s’arrête dès le premier tour. Mais elle repart de Paris avec une certitude : elle veut recommencer le tennis. Dès lors, les tournois s’enchaînent et Timea refait surface au classement WTA. 2015 : une demie finale à Roland Garros. 2017 : idem. Un jeu de défense qui fait vibrer et une bonne humeur communicative. Histoire de lancer les hostilités avant son match en quart de finale cette année face à Kristina Mladenovic, elle déclare : « Votre gruyère, c’est de l’emmental, vous êtes des imposteurs ». Dans le même registre, en un peu plus grave après sa défaite en demie, elle déclare en conférence de presse « Ca me fait royalement chier de ne pas être en finale », le tout en essayant de garder le sourire. Quand on lui pose une question sur la pression ressentie à Roland l’année dernière, réponse cinglante : « La pression je la bois ». Boum, punchline. (Classique certes, mais punchline quand même). Timea Bacsinszky nous rappelle de plus en plus Stanislas Wawrinka, toujours le sourire et l’envie de rigoler après un match, et ça fait du bien. De plus, et ça c’est un gros bonus, elle ressemble beaucoup à Chelsea Peretti dans le rôle de Gina Linetti, à mourir de rire dans la série Brooklyn Nine Nine (qu’on vous conseille fortement). Forcément, ça aide.

Alors oui, ça fait mal de l’admettre : on aime bien ces Suisses-là. Ils sont géniaux sur et en dehors du court, difficile d’y résister, même s’ils nous privent de Coupe Davis et de Fed Cup. Le problème, c’est que la domination suisse risque de perdurer. Nos frenchies « au sommet » actuellement sont de la même génération que Wawrinka et Federer. Pas de chance. Petit espoir chez les femmes : Kristina Mladenovic est plus jeune que Bacsinszky, à un moment donné, le poids de l’âge va se ressentir ! La Suisse, ça vous gagne, faut s’y faire.

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