« It’s gonna be a great fight ». Eh bien Oscar De La Hoya avait raison, et nous aussi puisqu’on avait presque deviné l’ensemble du déroulement du fight si vous avez regardé la preview ! C’était une opposition de style magnifique entre Canelo et Golovkin, que je vous propose de décortiquer round by round, comme lors de Mayweather-McGregor.

Round 1 :

Dès les premières secondes, on comprend le tournant que ce combat prendra. Canelo avait en effet deux solutions en termes d’appréhension de ce fight, deux solutions qui changent radicalement l’issue du combat.

Notre ami mexicain avait en effet la possibilité d’accepter la guerre, cette guerre pour le centre du ring qu’il n’a pourtant jamais l’habitude de céder avec son mexican style. Mais cette option était clairement la plus démentielle : impossible de faire reculer GGG, personne n’y est arrivé, et Canelo n’avait clairement pas la puissance pour pouvoir espérer aller chercher Golovkin au corps à corps. C’est donc tout naturellement que le clan de Canelo s’est penché pour la seconde option : laisser le centre du ring à Golovkin, et attendre que ce dernier vienne pour l’accueillir avec des contres.

C’était clairement la meilleure solution, car comme nous l’avons dit dans la preview du fight, Canelo c’est le mec parfaitement équilibré, aucune grande faiblesse, mais aucune grande force non plus. Si Canelo est à l’aise dans tous les domaines, mieux vaut ne pas chercher l’affrontement avec quelqu’un qui a pour principale qualité la puissance.

GGG va parfaitement comprendre le plan de jeu du clan mexicain en adoptant une posture très étirée et solide sur ses appuis, de façon à pouvoir étirer son jab le plus possible pour toucher Canelo sans prendre de retour : le kazakh profite de sa taille et il a bien raison.

De plus, le jab, c’est la meilleure arme de Golovkin. Il n’y paraît pas hein ? Mais GGG est un maître à boxer et surtout un maître du jab. Son avant-bras de monstre lui permet de mettre bien plus de puissance que la moyenne (bien que ce ne soit pas l’utilité du jab), de contrer simultanément à ses jabs, et enfin de jauger la distance pour évaluer le moment propice pour rentrer dans le tas.

Quand on essaie d’out boxer GGG, il sort le jab, comme contre Danny Jacobs. Mais cela va-t-il suffire pour maîtriser un Canelo qui semble dans une forme olympique ?

Round 2 :

Canelo nous offre des mouvements quasi parfaits, tant sur l’esquive que sur le déplacement. On sent le mexicain léger sur ses appuis, totalement à l’aise. Canelo souhaite aussi montrer à GGG qu’il n’a pas peur de lui, qu’il ne reculera pas à chaque assaut de la machine kazakhe ; c’est pourquoi ce dernier accepte l’affrontement dans ce round.

Parlons un peu de GGG maintenant. Le Kazakh Thunder avance, avance, avance… Il ne laisse pas respirer Canelo, et c’est bien le point fort du mexican style de GGG : conserver le centre du ring, assurer une pression constante sur l’adversaire, l’étouffer littéralement.

Pour ce faire, GGG adopte une position relativement recroquevillée sur lui-même, le dos rond, pour laisser le moins d’espace possible pour un contre de Canelo et s’assurer de pouvoir avancer en toute circonstance tel un véritable robot : la posture du démolisseur.

Cette posture laisse néanmoins retranscrire un défaut que GGG supporte lors de l’ensemble de ses combats : les esquives. En effet, il est impossible d’esquiver un coup de manière optimale dans cette position d’attaque, d’assaillant. C’est donc tout naturellement que GGG préfère encaisser les coups, les bloquer avec le front, les absorber… Face à la rapidité d’un Canelo, ce n’est en général pas le mieux ! Fort heureusement Golovkin dispose d’une véritable mâchoire d’acier parée à toutes éventualités.

Round 3 :

Les 20 premières secondes sont en faveur de GGG qui arrive à agresser Canelo au corps à corps.

Mais lors de ce round, GGG n’arrive qu’à toucher Canelo en jab ou avec une droite ; impossible de toucher la face de Canelo avec ses fameux crochets, seconde arme de destruction massive de Golovkin. En effet, tous les crochets atterrissent dans les gants de Canelo qui lit les mouvements de GGG d’une façon vraiment magnifique. Peu de personnes, dont moi-même, le pensaient capable de livrer une telle prestation technique.

Quelques une de ses esquives nous rappellent directement un certain Floyd Mayweather, véritable artiste du ring. Par exemple, Canelo arrive à toucher GGG avec un magnifique uppercut gauche avant de faire un retrait de buste pour éviter les deux missiles de GGG arrivant dans sa direction, exactement la même technique de Mayweather contre Juan Manuel Marquez. Bon bien évidemment, Canelo n’est pas en mesure d’imiter la boxe de Mayweather, mais certains enchaînements s’en inspirent clairement : Canelo aurait donc bien appris les leçons du passé (la défaite contre Mayweather et la leçon donnée par Lara) et serait tout à fait apte à utiliser son excellent footwork à son avantage.

Round 4 :

On peut voir ici que Golovkin peine réellement à trouver des solutions face à un Canelo remarquable de technique. Les coups du Thunder se résument bien souvent à un enchaînement de deux ou trois jabs pour avancer vers Canelo, puis ses mouvements s’arrêtent instantanément arrivés devant le mexicain : la peur du contre est omniprésente chez GGG qui est un fighter relativement intelligent, et qui a le don de sentir le danger arriver. Ce dernier préfère donc stopper ses assauts sous peine de se faire punir instantanément et de voir Canelo prendre la fuite sur un autre coin du ring.

La boxe de GGG, saccadée à son habitude, l’est encore plus lors de ce combat. Pour compliquer le tout, même coincé dans les cordes, Canelo esquive les agressions de GGG avec une facilité déconcertante, et c’est très beau.

Round 5 :

Golovkin essaie d’innover en travaillant sur un enchaînement de plusieurs coups, mais c’est peine perdue, quasiment aucun de ses coups ne touche Canelo (exemple à 2 minutes 16). Cependant, ce dernier arrive de mieux en mieux à toucher Canelo avec ses jabs, qui deviennent de plus en plus précis.

Mais tout n’est pas rose pour Canelo non plus. Ce dernier peine énormément à toucher Golovkin si c’est Canelo qui prend la décision d’avancer vers GGG. Il ne touche quasiment que lorsqu’il se prépare à recevoir les coups du kazakh. Aucune initiative ne peut donc être vraiment prise de son côté, il est dans l’obligation d’attendre que les coups de GGG arrivent, c’est pour cela que beaucoup affirment que Canelo a subi le combat et que Golovkin imposait constamment le rythme, et ils n’ont pas tort.

En revanche, la défense de Canelo est quasi impénétrable quand celui-ci reste sur ses appuis pour attendre GGG, comme vous pouvez par exemple le voir une minute avant la fin du round (parade du jab avec son coude puis remise instantanée d’une droite qui touche Golovkin plein visage).

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Round 6 :

Un round très équilibré, avec des temps forts de Canelo comme de Golovkin. On sent bien que les deux ont pris leur aise dans ce combat, l’opposition de style est donc d’autant plus présente.

Round 7 :

GGG asphyxie de plus en plus Canelo, il le suit vraiment au millimètre, et tout ça grâce à une prévision des mouvements tout bonnement impressionnante. Les efforts de Golovkin s’avèrent payants puisque lors de ce round le Thunder touche bien plus que lors des autres rounds, ou du moins ne laisse pas la chance à Canelo de pouvoir réellement placer des contres. C’est à partir cette reprise que l’on sent que Golovkin commence à avoir la main mise sur le match contrairement aux premières reprises qui sont pour l’ensemble en la faveur de Canelo.

Round 8 :

Une chose est flagrante : dès que Canelo accepte le face à face au corps à corps, ce dernier prend beaucoup de coups. GGG est clairement supérieur à Canelo lors des head to head. Cette domination au corps à corps de la part de GGG nous fait donc bien comprendre que Canelo a bien fait de choisir l’opposition par les contres et non par le combat pour le centre du ring. En effet, ce round nous prouve que Canelo n’aurait pas fait long feu face au démolisseur.

Round 9 :

GGG continue de dominer, alors que Canelo continue d’accepter le head to head malgré le fait qu’il se fasse clairement dominer dans ce domaine. À noter néanmoins, la droite monumentale que Canelo inflige à Thunder lors de ce round, magnifique.

Round 10 :

Le round de la rébellion ! Un éclair de génie, une illumination de la part de Canelo. Il renverse totalement le cours du combat grâce à des combinaisons au corps à corps parfaites. GGG vacille, et ça c’est rare !

Canelo domine Golovkin dans son domaine de prédilection, le head to head, on pourrait presque se demander si ko il ne pourrait pas y avoir ! Mais Golovkin fait preuve d’une combativité vraiment hors norme, c’est un extra-terrestre.

Golovkin a beaucoup de ressemblance avec le plus grand poids moyen de l’histoire, Marvin Hagler. En effet, Hagler avait lui aussi du mal à se faire une réelle renommée puisque personne ne voulait vraiment l’affronter ; il disposait d’une force hallucinante ; avait une mâchoire de fer ; et enfin faisait preuve d’une combativité monumentale lors de chaque fight, un véritable guerrier. Tout cela est aussi réuni chez notre ami kazakh qui nous montre ici quel combattant il est, un formidable boxeur qu’il est impossible de ne pas respecter et admirer.

Round 11 :

Golovkin fatigue de plus en plus, cela se lit clairement sur son visage. Malgré ça, le démolisseur avance, avance, avance… Quel homme !

Round 12 :

Le round le plus spectaculaire du combat ; qui résume parfaitement la bataille menée par les deux camps. Avec ce fight mais surtout ce round, comment ne pas respecter ces deux futurs Hall Of Famer ?

À noter la grande classe d’Abel Sanchez, entraîneur du Kazakh Thunder, qui ne bassine pas de longs discours son poulain lors de la cloche avant la 12ème et dernière reprise. Au contraire, peu de mots suffisent pour encourager le guerrier kazakh : un simple « c’est le dernier round, il n’en reste plus qu’un ! Je te laisse faire le reste », prouve quel talentueux entraîneur il est, probablement le plus grand actuellement à mes yeux.

Les deux boxeurs donnent donc leurs dernières forces pour finir en apothéose. La cloche vient sonner le glas de fin, c’est fini ! Vous venez d’assister à un combat magnifique qui valait vraiment, mais alors vraiment le détour !

https://youtu.be/I8C3Gmy67UE

L’interprétation du résultat :

Concernant le résultat, peu importe si l’on voit Canelo ou GGG gagnant, le scoring du 118-110 est hallucinant, une grande farce !

Personnellement je voyais Canelo l’emporter aux points. En effet, le camp mexicain a adopté la stratégie parfaite pour enrayer la machine kazakhe, et elle n’a pas fait que l’enrayer ! Étant un grand fan de GGG et n’aimant que très peu Canelo (surtout dû à Golden Boy), je ne peux que m’incliner face à tant de maîtrise de la part du mexicain. Arriver à sortir un match comme ça, c’est extraordinaire.

Alors oui Canelo a subi, il ne contrôlait pas le rythme du fight, mais Golovkin n’a à aucun moment trouvé le moyen de déstabiliser Canelo. Ses enchaînements étaient bien plus saccadés que d’habitude, preuve que notre ami kazakh n’arrivait pas à trouver de solution mis à part le jab.

À chaque fois que Golovkin tentait une combinaison sortant de l’ordinaire, il se faisait foudroyer par un contre vitesse éclair de Canelo qui en plus de cela arrivait à chaque fois à se sortir du piège des cordes (à chaque crochet droit de Golovkin, Canelo nous sortait un retrait pour se dégager).

À l’inverse Canelo transpirait la sérénité quand ce dernier attendait les assauts de GGG pour pratiquer sa boxe. Canelo a montré au monde entier qu’il est à l’aise dans tous les domaines et qu’il peut même out boxer un des plus gros puncheurs de notre génération. Ce n’est bien évidemment que mon avis, je vous invite à partager le votre en commentaire !

Parce que bon je dis ça, mais une victoire de Golovkin ne m’aurait pas non plus paru surprenante, tout dépend du point de vue dans lequel on se place. Si la boxe de panache, de pression que pratique GGG vous fait plus fantasmer qu’une boxe peine d’esquive, de contre, de coup d’œil ; alors il est tout à fait normal de voir Golovkin vainqueur, et vice versa !

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