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Rule : Ce morceau que certains et notamment les amateurs de film de hip-hop diront avoir déjà entendu quelque part a en effet fait partie de la bande son de Like Mike, mais également de Honey mettant en scène Jessica Alba. Plus précisément, Rule en featuring avec la chanteuse Amerie constitue la track numéro 12 de l’album Stillmatic du rappeur américain Nas. Parmi les producteurs impliqués sur le projet Stillmatic, on retrouve ainsi le célèbre DJ Premier, Chucky Thompson (de la « Hitmen » de Diddy),  Large Professor, Salaam Remi mais également Trackmasters, ce dernier qui se retrouvera derrière le morceau d’aujourd’hui.

Dans le contexte de l’époque, à savoir en décembre 2001, l’album dans son ensemble marque le comeback de Nas (après Nastradamus en 1999). Deuxièmement, il marque également un tournant dans son orientation artistique et pour le rap toujours influencé par la tendance gangsta. En effet, le corpus de sons choisis pour Stillmatic reflètent pour la plupart une partie consacrée à la prise de conscience de problèmes sociaux, politiques et environnementaux. Ne dérogeant pas à la règle, Rule montre une maturité renouvelée du rappeur qui pointe du doigt certains dysfonctionnements tout en appelant à l’entente mondiale, ceci sur un beat simple mais entraînant.

Sur le plan musical d’abord, Nas utilise un sample de Everybody wants to rule the world du groupe Tears For Fears, sample qui va influencer également la façon dont va être interprété le refrain. Ensuite, la structure musicale de Rule se concentre principalement sur un loop de batterie simple avec un léger effet reverb qui accompagne efficacement le phrasé de Nas et permet à l’auditeur de se concentrer sur le contenu des paroles. Enfin, la chanteuse Amerie donne à ce côté légèrement R&B au morceau rappé, tendance encore une fois très en vogue à cette époque, à savoir au début des années 2000.

Sur le plan lyrical, Nas dresse ici le constat de l’échec de l’Amérique dans certains domaines, notamment ceux de l’intérieur. Il se réfère ainsi à l’intégration sociale des minorités, l’égalité des chances, le décrochage des jeunes et la délinquance, le non-logement, les dérives du capitalisme et de la justice ou encore la possession d’armes. D’une certaine manière, il dresse un autre portrait de l’Amérique, notamment de l’American Dream et de ses désillusions. On cite ainsi les phrases suivantes qui restent lourdes de sens et qui pour certaines peuvent refléter étrangement l’actualité de nos jours :

« Confronted with racism, started to feel foreign…Like the darker you are, the realer your problems.»

SUR LE MÊME SUJET :

« So the youngsters, grows in ghettoes, goes to prison. At an early age, already know it’s against him »

« I want land, mansions, bank and gold, the diamonds in Africa, oil in my control, the world’s natural resources, all its residuals. But then comes foes, I have to guard it with missiles »

« Look at this country’s got ! There should be nobody homeless. How can the president fix other problems when he ain’t fixed home yet ?!? »

Mais loin de s’arrêter sur un simple constat défaitiste et une position victimaire, il invite à sa manière chacun à se prendre en main, et notamment la jeunesse. Il remet également le savoir et la connaissance au centre de la dignité humaine (sujet déjà évoqué dans Actual Proof – Genius):

  • « Ain’t nothin without struggle / Whatever you feel is rightfully yours, go out and take it« 
  • « My theory is that : Knowledge is power « 
  • « To be the best, you challenge the best, then the blessings are spiritual « 

Ensuite, il en appelle à la paix mondiale et à l’effort collectif dans ce sens. Pour cela, il est épaulé par Amerie sur certaines des paroles suivantes:

  • « World peace, stop actin’ like savages. No war, we should take time and think : The bombs and tanks makes mankind extinct« 
  • « We must stop the killin’, tell me why we die, we all God’s children« 
  • « All this hate can’t last forever : It’s time we stand together : World peace »

Enfin, il en profite pour en placer une pour le hip-hop : « In  Hip-Hop, the weapons are lyrical » : En hip-hop, les armes sont les paroles car elles permettent généralement de convoyer un message fort, en opposition avec les armes réelles.

Plus de 10 ans après, le morceau et notamment son contenu lyrical trouvent un écho suprenant dans notre monde d’aujourd’hui, plus que jamais en besoin de paix et de mobilisation en ce sens. Mais Nas avait prévenu après tout : « Y’all know that’s my style : to hit you at the right time » (3e couplet).

By Setry

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Tags Rap

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